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CLIMAT - Le changement climatique n'attendra pas

Par L'informateur • Trop de nuisances dans nos vies • Vendredi 19/04/2013 • 0 commentaires • Version imprimable

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Le changement climatique n’attendra pas

Par Connie Hedegaard, Commissaire à l’Action pour le climat, Commission

 

Les difficultés économiques actuelles de l’Union européenne ne sauraient être prétexte à retarder la création d’une économie fondée sur une utilisation efficace des ressources et un développement à faible émission de carbone. Réduction des émissions de gaz à effet de serre, meilleure utilisation de l’énergie et des ressources, progression, stimulation de la croissance et de l’innovation : les avantages pourraient être considérables. 


L’Europe commence lentement à sortir de la plus grave crise économique et financière des dernières décennies. C’est bon signe, mais nous devons nous préparer à une reprise peu dynamique. D’une part à cause de la dette souveraine, qui pèse encore sur la plupart des États membres de l’Union, mais aussi à cause d’une autre dette : celle issue de notre incapacité à mener les réformes à temps. Nul doute que celles-ci soient considérables. On est donc tenté, à tort, de vouloir les mener dans l’ordre suivant : d’abord résoudre la crise financière et économique, puis la crise sociale, et peut-être plus tard seulement les crises environnementale et climatique. Les problèmes climatiques ne nous attendront pas. Nous ne pouvons pas nous permettre d’accumuler cette nouvelle dette pendant que nous remboursons celles déjà accumulées. Nous devons penser au-delà du court terme.

La nature change à un rythme alarmant. Les catastrophes naturelles autrefois exceptionnelles deviennent la norme, et chaque année apporte son lot de nouveaux records météorologiques dans le monde entier. En 2012, le Royaume-Uni a connu son été le plus pluvieux depuis 100 ans, et l’Inde, la Chine et les États-Unis leurs pires sécheresses depuis des décennies. Les dégâts causés par l’ouragan Sandy, l’un des plus dévastateurs de l’Atlantique, sont estimés à 50 milliards de dollars.

Est-ce une coïncidence si tant de phénomènes climatiques extrêmes semblent confirmer les prévisions des chercheurs sur les conséquences du réchauffement planétaire ? Nous n’allons tout de même pas attendre d’autres crues torrentielles, tempêtes et sécheresses dévastatrices pour admettre que le temps presse. Un report des mesures d’intervention ne fera qu’alourdir les coûts économique, environnemental et social.

Les décideurs doivent le comprendre dès maintenant si nous voulons bâtir un modèle de croissance plus durable, articulé autour des principes d’efficacité d’utilisation des ressources et de développement à faible émission en carbone. Ce modèle est essentiel pour empêcher le changement climatique d’atteindre des proportions dangereuses ; il constitue également une formidable occasion de donner un coup de fouet à la croissance économique et de nous sortir des crises actuelles.

S’occuper du climat peut sembler un luxe lorsque les emplois sont rares, les budgets restreints et les cours des matières premières en hausse. Pourtant, plusieurs excellentes raisons incitent à passer à une économie plus durable : nous réduirons émissions de gaz à effet de serre, nous utiliserons plus efficacement l’énergie et les ressources, nous améliorerons la santé, nous stimulerons la croissance et l’innovation.

En 2012, la facture des importations de pétrole brut de l’UE devrait dépasser 450 milliards de dollars. Depuis le début de la crise, l’Europe accroît également ses importations nettes de charbon et de tourbe. En augmentant la part des énergies renouvelables, nous deviendrons moins tributaires des importations d’énergie provenant de l’extérieur de l’Europe, et beaucoup moins vulnérables à la hausse des cours du pétrole. En dépensant moins en importations de combustibles fossiles, nous pourrons dégager des ressources pour investir au sein de l’UE.

Le solaire, l’éolien et la biomasse affichent un essor spectaculaire en Europe. Ces filières ont créé plus de 300 000 emplois en seulement cinq ans, auxquels s’ajouteront 417 000 emplois supplémentaires si l’objectif de 20 % de ressources renouvelables en 2020 est atteint. Combien d’autres secteurs peuvent se prévaloir d’une augmentation nette de l’emploi sur les cinq dernières années ?

Dans le cadre du programme NER300, la Commission européenne consacre un financement initial de 1,2 milliard d’euros aux projets dédiés aux énergies renouvelables déployés sur le territoire de l’UE. Elle amorcera ainsi l’investissement privé et la création d’emplois dans les filières industrielles innovantes des technologies sobres en carbone.

L’investissement mondial dans les énergies renouvelables a atteint un niveau sans précédent en 2011, malgré le ralentissement de l'économie. Au total, les investissements dans les énergies et les carburants renouvelables ont progressé de 17 % pour atteindre 257 milliards de dollars, soit six fois leur volume de 2004 et + 94 % par rapport à 2007, à la veille de la crise financière mondiale. Quoique lente, la transition est en marche, offrant de nouveaux débouchés et emplois.

Le secteur du bâtiment constitue un gisement considérable d’économies d’énergie, représentant près de 40 % de l’énergie consommée et 40 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UE. Pourtant, 40 % des bâtiments ont encore un simple vitrage. Une forte accélération des constructions de logements éco-énergétiques et des rénovations de bâtiments existants pourrait doper la reprise dans ce secteur, et créer des emplois qui seraient surtout locaux.

Il n’est donc pas surprenant que le secteur « vert » de l’économie – ainsi que les TIC et la santé – affiche l’un des plus forts potentiels de création d’emplois en Europe d’ici à 2020.

La proposition de la Commission européenne d’affecter 20 % du budget 2014-2020 de l’UE au domaine climatique reflète cette conception de la croissance verte, mais aussi l’importance croissante des dépenses liées au climat, et la prise en compte des objectifs climatiques dans d’autres politiques, notamment celles de l’énergie, des transports et de l’agriculture. Il faut intégrer les questions climatiques dans toutes les politiques sectorielles concernées.

Nous pouvons réduire les émissions sans sacrifier l’économie : depuis 1990, l’UE a réduit les émissions de gaz à effet de serre de 18 %, alors que les économies de nos pays progressaient de 48 %. L’industrie manufacturière européenne a été capable de réduire sa consommation énergétique d’un cinquième entre 1995 et 2009. Entre 2003 et 2011, l’UE a attiré 40 % de l’investissement direct étranger « vert » mondial, contre 12 %  seulement pour les États-Unis et 7 % pour la Chine.

Notre principal outil de réduction des émissions est le système d’échange de quotas d’émission (SEQE-UE). À partir de 2013, les États membres de l’UE devraient recevoir les recettes des ventes aux enchères du SEQE, dont ils se sont engagés à consacrer la moitié aux mesures en faveur du climat. La crise actuelle constitue également une opportunité pour rendre leur fiscalité plus propice à l’emploi et à l’équité, notamment au bénéfice des salariés vulnérables et à faible revenu, en augmentant le poids relatif des taxes sur l’utilisation des ressources. Il est sûrement préférable de taxer davantage ce que nous consommons et moins ce que nous gagnons.

Une politique tarifaire correcte est un préalable absolument essentiel à une transition réussie et rentable. Pourtant, les subventions mondiales aux combustibles fossiles ont augmenté de plus de 30 % l’an dernier, dépassant aujourd’hui les 500 milliards de dollars. Cela indique que la nécessité de lutter contre le changement climatique, pourtant admise par les dirigeants, n’est hélas pas prise en compte dans l’action publique de manière adéquate. De plus en plus plébiscité dans le monde, l’échange de droits d’émission est un moyen de garantir une tarification correcte. Outre le SEQE de l’UE, des systèmes nationaux ou régionaux sont déjà opérationnels en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Suisse ; d’autres sont prévus au Canada, en Chine et en Corée du Sud, ou à l’étude dans d’autres pays.

Nul d’entre nous n’ignore que la vie est trop complexe pour qu’une seule variable puisse en rendre compte, que ce soit le PIB, le taux d’emploi ou la réduction d’un polluant donné. J’ai toutefois récemment été traitée d’« anticapitaliste » pour avoir défendu l’idée qu’il ne fallait pas nous cantonner au PIB. Accusation bien entendu absurde. Ce n’est pas un débat pour ou contre le capitalisme ou la croissance, mais sur le type de croissance que nous pouvons nous permettre d’instaurer au XXIe siècle. La transition – à l’échelle mondiale – vers une croissance plus véritablement durable, économe en ressources et sobre en carbone s’impose. Le plus tôt sera le mieux.

 

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