Mots-clés : Agriculture, Transport, Environnement et énergie, Consommation
[CORDIS - Date: 2007-08-20]
Une équipe de chercheurs britanniques prévient le public que l'augmentation des cultures de biocombustibles destinées à la fabrication de carburants pour voiture écologique pourrait s'avérer plus nuisible pour l'environnement que ce qu'on ne le pensait.
Dans leur article publié ce mois-ci dans la revue Science, des chercheurs de l'Université de Leeds et de l'organisation World Lands Trust au Royaume-Uni présentent les résultats de la première analyse détaillée des émissions causées par les biocombustibles.
Selon les scientifiques, une augmentation de la production de biocombustibles afin de combattre le changement climatique entraînerait la libération de jusqu'à neuf fois plus de dioxyde de carbone que les combustibles fossiles au cours des 30 prochaines années.
Les biocombustibles, fabriqués à partir de combustibles extraits de plantes, sont considérés comme le substitut aux combustibles fossiles le plus respectueux de l'environnement. L'absorption du dioxyde de carbone dans l'atmosphère par les cultures de combustibles constitue l?un des arguments en faveur des biocombustibles. D'après les scientifiques, cet argument pourrait cependant s'avérer trompeur.
L'étude met en garde contre le déboisement des forêts en vue de créer des espaces pour les cultures destinées à la production de biocombustibles. En effet, l'abattage des arbres produit une libération immédiate de gaz carboniques dans l'atmosphère, accompagnée d'une perte d'habitat et d'une menace pour la faune et la flore.
Les États membres de l'UE se sont engagés à remplacer 10% du carburant destiné aux transports par des cultures destinées à la production de biocombustibles d'ici 2020. Ils espèrent ainsi réduire les émissions de dioxyde de carbone et la dépendance au pétrole. Pour atteindre cet objectif, il faudrait trouver un espace plus grand que le tiers de toutes les terres agricoles d?Europe destinées à la production de biocombustibles.
«Cette étude montre que la réduction des émissions de dioxyde de carbone constitue notre préoccupation principale. Or, l'augmentation de la production de biocombustibles n'est pas le meilleur moyen d'y parvenir», affirme Dominick Spracklen de l'Université de Leeds, co-auteur de l'étude. «En fait, cela pourrait avoir des conséquences nuisibles ailleurs dans le monde. Le déboisement des forêts consiste à faire de la place aux cultures destinées à la production de biocombustibles. Or, la quantité de carbone libérée lors de cette manoeuvre s?avère beaucoup plus importante que celle qui résultera de cultures destinées à la production de biocombustibles sur une période de 30 ans.»
Cette étude est la première à calculer l'impact des émissions carboniques des biocombustibles au cours du cycle complet de plantation, d'extraction et du processus de conversion en combustibles. L'équipe responsable de l'étude a ensuite comparé le processus de production de biocombustibles, qui permettrait d'éviter le rejet d'une certaine quantité de dioxyde de carbone dans l?atmosphère, avec la quantité d'émissions découlant du ralentissement du déboisement et du reboisement des forêts sur une période de 30 ans.
L'étude a également montré que la transformation de grands espaces en forêts offrirait d'autres bénéfices environnementaux, empêchant par exemple la désertification et la régulation du climat régional.
Les scientifiques recommandent vivement de conserver les forêts et les savanes existantes et de restaurer les forêts et les espaces verts. Cela constituerait un moyen plus efficace de sauver la planète.
«L'Europe et les États-Unis fournissent un effort important afin de promouvoir les biocombustibles en tant que contribution importante à la réduction des émissions de dioxyde de carbone. Nos actions ont un impact sur le reste du monde. Bien que l'adoption des biocombustibles s'avère intéressante pour l'Europe, leurs conséquences sur le reste du monde sont néfastes», affirme le Dr Spracklen.
Ceci démontre une fois de plus qu'avant d'avancer des idées pseudo-écologiques, il s'avère nécessaire de tirer un bilan écologique global. De la même manière que l'utilisation des bouteilles en verre s'est avérée peu écologique par rapport aux bouteilles en PET une fois le bilan écologique global effectué, les bio-carburants ne semblent pas non plus une bonne solution même si elle semblait de prime abord la solution la plus sensée.
A quand une étude complète sur les véhicules hybrides et autres "bio-bagnoles" ?
A la vitesse où réagissent les politiques et les scientifiques, au fur et à mesure que les solutions proposées s'avèrent parfois pire que la situation actuelle, on se prépare de joyeuses prochaines années.