Mots-clés : Circulation automobile
Source: Douze idées reçues sur la voiture
Après la seconde guerre mondiale, l’usage de la voiture était « réservé » à certains : l’automobile était un signe extérieur de
richesse. Depuis, elle s’est démocratisée. Mais représente encore un très gros investissement,contrairement à d’autres biens de consommation qui se sont répandus en même temps qu’elle (frigo, télévision,…). Elle a donc gardé une aura particulière :son image de marque lui colle à la carrosserie. Avoir une voiture,et si possible une belle voiture,c’est pour beaucoup de personnes une question d’honneur et de dignité. Posséder une voiture, c’est être quelqu’un. Conscients de cela, les annonceurs valorisent les différents modèles en mettant en avant la vitesse, la nouveauté, l’apparence, l’originalité. Ils utilisent aussi des images de femmes séduites par la voiture, d’automobiles lâchées en liberté et associées à des animaux sauvages, des oiseaux de proie. L’enjeu réel : faire croire au conducteur qu’il sera puissant et séduisant s’il achète ce type de véhicule. En tentant de lui faire oublier que, ce qu’il sera d’abord, c’est endetté…
L’HONNEUR AILLEURS
Des milliers de messages publicitaires ont forgé ces représentations valorisantes de la voiture. Peu à peu, dans l’imaginaire collectif, les transports en commun se sont vus associés aux ratés et la voiture aux battants.Quant au vélo et à la marche à pied, ils ne peuvent plus exister que sous forme de loisirs vers lesquels on se déplace… en voiture.Bien souvent, choisir de se
déplacer autrement qu’en voiture individuelle implique d’affronter le regard incrédule ou désapprobateur des autres.
Ces modèles sont les produits de conventions qui sont appelées à évoluer. Et qui varient d’un pays à l’autre, d’ailleurs. En Suisse,
une majorité d’hommes politiques prennent les transports en commun, tout comme à Londres. A Ferrare, en Italie, les hommes d’affaire en costume trois pièces se déplacent à vélo,en compagnie de leur secrétaire ! De même, à New-York,c’est en métro qu’on se rend à Wall Street.Tous ces gens – pour qui l’image compte aussi – ont mis leur honneur ailleurs…
POURQUOI PAS NOUS ?
Les automobilistes, valorisés aujourd’hui dans leurs excès, auront-ils une image aussi favorable demain… ? Sans doute pas, étant donné que la politique du « tout à l’automobile » montre déjà ses limites (pollution, congestion, prix des carburants,…).
Oser anticiper et se libérer de l’image de la voiture, c’est se donner les moyens d’investir dans autre chose, comme par exemple dans les loisirs créatifs. C’est aussi se donner une motivation supplémentaire pour se construire une image positive au travers de ses actions. Enfin :faire preuve d’imagination dans ses déplacements,varier les plaisirs et préserver l’environnement, n’est-ce pas un moyen sûr de gagner en dignité…et en personnalité ?
PISTES D’ACTIONS POUR LA SOCIÉTÉ
• Modifier la représentation collective associée à la possession de la voiture, sans diaboliser son utilisation.
• Initier une démarche de valorisation du transport en commun, du vélo et de la marche par l’exemple (élus, personnalités,…)
POUR LE CITOYEN
• Oser affronter le regard des autres, en assumant ses choix en matière de mobilité.
• La solidarité c’est aussi notre dignité !
SAVIEZ-VOUS QUE
1 ménage sur 4 est sans voiture.
En Belgique, 807.000 ménages, soit 1 sur 5, possèdent 2 voitures ou plus, et 92.000 (2,3%) même 3 ou davantage. La possession d'une automobile ne cesse de se répandre.Néanmoins,il reste 937.000 ménages (1 sur 4) qui se passent d'une auto.C'est dans les grandes villes et dans les villes universitaires (Liège notamment,avec 36%) que les pourcentages les plus élevés de ménages sans voiture sont relevés.
POUR EN SAVOIR PLUS
• La mobilité quotidienne des Belges, Jean-Paul Hubert et Philippe Toint,
Presses universitaires de Namur, 2002
• www.inrets.fr