Mots-clés : Inter-Environnement Wallonie, Réchauffement climatique
La réduction des émissions de gaz à effet de serre de plus de 11% en 2009 due à la récession économique et à la diminution de l’activité industrielle, accompagnée par le développement toujours croissant des technologies liées au secteur des énergies renouvelables, avaient fait dire à la commissaire européenne, qu’un objectif de 30% pour l’Union Européenne était faisable. En effet, atteindre les 20% coûterait dans ce contexte 22 milliards d’euros en moins que prévu. En plus des bénéfices environnementaux de lutte contre le réchauffement climatique, ce nouvel objectif permettrait aussi de diminuer les coûts liés à la maîtrise de la pollution de l’air (le bénéfice à l’horizon 2020 est estimé à 3 milliards d’euros), de diminuer les charges pour le secteur de la santé de 3,5-8 milliards d’euros, sans parler de la sécurité énergétique et de l’emploi [1]. De plus, imposer un objectif de 30% permet une économie d’utilisation d’énergie fossile estimée à 40 milliards d’euros. Ces arguments financiers n’ont pas suffi à convaincre le secteur industriel qui s’était insurgé contre ce nouvel objectif de 30% qui signifiait pour eux une délocalisation de l’emploi, une réduction importante de leur activité, de leur rentabilité et une chute de l’économie européenne en général. Mais comme le dénonce Greenpeace, il s’agit juste de mythes.
Pourtant ce 25 mai, l’Europe communique qu’elle conservera pour 2020 son objectif de 20% de réduction d’émission de gaz à effet de serre. Qu’est-ce qui a bien pu expliquer un tel revirement ? Selon les propres analyses de la Commission européenne et de l’Agence Internationale de l’Energie, si l’Europe atteint ses objectifs de 20% pour 2020, ses émissions seront au même niveau qu’en 2008. Cela signifie que sans modification du système d’échange de quotas d’émission, le secteur industriel ne diminuera pas ses émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, selon l’étude Sandbag, les dix industries européennes les plus polluantes (dont Arcelor Mittal) auront un surplus de quotas valant 3 milliards d’euros après 2012 qui peuvent ensuite être revendus et qui constituent ainsi des bénéfices directs. Nous comprenons maintenant mieux pourquoi le secteur industriel a insisté pour que l’objectif de 20% soit maintenu. S’il était passé à 30% les quotas auraient été revus à la baisse, diminuant ainsi les marges bénéficiaires que ces industriels peuvent se faire sur le marché du carbone.
Plus d’infos :
CE Delft report on Energy Intensive Industry windfall profits under the EU ETS, May 2010
International Energy Agency, World Energy Outlook 2009.
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[1] Source : Climate Action Network Europe, Press Briefing May 2010, EU Commission –30% Communication