BRUXELLES 08 mai 2004 - Le Soir Pierre-Yves Thienpont

Le gouvernement s'est mis d'accord, hier soir, sur les nouvelles procédures aériennes au-dessus de la périphérie Est. Un énième changement qui ne fait pas l'unanimité parmi les riverains.
WILLIAM BOURTON

La semaine dernière, le chef de file gouvernemental du MR, Louis Michel, annonçait pour le 4 avril la tenue d'un kern (conseil des ministres restreint) spécial sur la problématique du survol intensif de la périphérie est par les avions de Bruxelles-National. La réunion fut annulée et le point inséré dans l'ordre du jour du kern ordinaire de vendredi. Hier, le point a bel et bien été évoqué, juste le temps d'acter que l'adaptation des procédures aériennes faisait l'objet d'une unanimité politique.

Officiellement, ces modifications de procédures n'entraînent pas de glissement de nuisances sonores entre zones survolées. Concrètement, de nouvelles normes de vent vont être définies, permettant une utilisation plus large de la fameuse piste 02/20 (la plus petite de l'aéroport qui, jusqu'à un passé assez proche, était avant tout utilisée comme piste de secours). Grâce à ces nouvelles normes, cette piste sera plus régulièrement en service, mais seulement un week-end sur deux, ce qui constitue en fait un retour à l'accord gouvernemental de décembre 2003. Le dimanche, si la « 20 » ne pouvait être utilisée, on utiliserait la « 02 » par vent de nord ou d'est et la « 25 » par vent d'ouest.

En cas d'utilisation de la « 20 » de jour (atterrissages ou décollages), les virages vers la droite se feraient à 700 pieds au lieu de 1.700. Les avions devraient ainsi éviter Wezembeek-Oppem. Toujours depuis cette piste 20, une route de départ vers le sud-ouest sera déplacée vers l'est, évitant Woluwe-Saint-Pierre. Enfin, une nouvelle route de décollage (de jour uniquement) va être tracée, avec virage vers la gauche pour survoler l'autoroute E 40 pour les destinations vers l'est.

Pour l'opposition Ecolo, depuis qu'ils ont accepté la dispersion des vols et des nuisances, MR  et PS  tombent de Charybde en Scylla. Et l'ancienne ministre de la Mobilité, Isabelle Durant, d'expliquer que la solution avalisée vendredi prévoit la réintroduction des atterrissages et décollages avec vent arrière, ce qui, selon elle, ne manquera pas d'entraîner plus de risques (surtout sur la piste 02/20, plus courte comme on l'a dit), des altitudes de survol plus faibles (et donc plus de bruit) et une application moins souvent contrariée du plan Anciaux de dispersion. Aucun avantage pour l'Oostrand, tranche Durant, mais une augmentation des survols de Bruxelles à basse altitude !

L'association de riverains Bruxelles Air Libre parle, pour sa part, de « bricolage préélectoral ». On commence par écraser la périphérie Est et une partie de Woluwe sous une avalanche d'avions, peut-on lire dans un communiqué du groupe de pression. Lorsque le tollé prévisible se déclenche, Louis Michel – qui a laissé promulguer ce « plan de dispersion équitable » – vole au secours de l'Oostrand et promet de soulager ses habitants... En finale, le gouvernement publie une correction qui allège le sort de l'Oostrand mais aggrave encore la situation des Bruxellois survolés. Bien joué M. Anciaux !•