Mots-clés : Circulation automobile, Environnement et énergie
Ce n’est pas un hasard de calendrier : le rapport a été publié au moment où les ministres européens de l’industrie devraient annoncer un plan d’action en faveur des voitures électriques à l’occasion de leur réunion informelle de San Sebastián (Espagne), le 9 février dernier.
Le rapport attire l’attention sur le danger de l’actuelle législation européenne encadrant les émissions de CO2 des voitures neuves. Elle permet en effet aux constructeurs d’utiliser les voitures électriques pour continuer à produire des véhicules grands consommateurs de carburant – et donc gros émetteurs de CO2. Le système de « bonifications » permet aux constructeurs de vendre des véhicules polluants pour chaque véhicule électrique vendu sans que soit affecté le bilan global calculé sur tous les véhicules vendus par le constructeur 1). Ainsi, selon les calculs de CE Delft, si les véhicules électriques venaient à représenter 10% des ventes totales, cela pourrait se traduire par une augmentation de 20% de la consommation de pétrole et des émissions de CO2 de l’ensemble des voitures neuves 2).
Les organisations environnementales demandent avec insistance que soient supprimées les « bonifications » dans les législations européennes existantes et à venir – à commencer par la proposition de Règlement européen sur les émissions de CO2 des véhicules utilitaires légers (camionnettes). Les ONG insistent également pour que les véhicules électriques vendus sur le marché européen soient équipés de compteurs « intelligents » (smart metering) qui ne permettent la charge des véhicules que lorsqu’un surplus d’électricité – de préférence renouvelable, comme le solaire ou l’éolien – est présent sur le réseau.
Pour Joeri Thijs, de Greenpeace Belgique : « Si les véhicules électriques peuvent participer à la transition vers un modèle de transport plus soutenable, il est indispensable que leur développement soit couplé à un engagement ferme pour s’assurer qu’ils fonctionnent à l’électricité d’origine renouvelable. Nous avons besoin de véhicules électriques et d’un réseau électrique « intelligents » qui interagissent pour garantir que les véhicules fassent « le plein » d’énergie renouvelable. A contrario, brancher des milliers de véhicules électriques non équipés d’un système de compteur intelligent sur le réseau électrique actuel conduirait consommateurs et producteurs à une situation de chaos. Cela augmenterait la demande d’électricité d’origine nucléaire et fossile (charbon) et nous entraînerait loin d’un futur énergétique soutenable. »
Pour Pierre Courbe, de la Fédération Inter-Environnement Wallonie (membre de T&E) : « Des efforts doivent également être réalisés pour réduire la demande globale de déplacements : les véhicules électriques ne constituent pas la panacée en matière de mobilité et ne résolvent pas tous les problèmes posés par le système automobile. Par ailleurs, de même que toutes les voitures vendues actuellement doivent être équipées d’un compteur qui totalise les kilomètres roulés, chaque véhicule électrique doit être équipé d’un compteur « intelligent » indiquant combien d’électricité a été consommée et, mieux encore, si cette électricité vient d’une source renouvelable ou non. C’est le rôle de I’UE de faire en sorte que tous les nouveaux véhicules vendus en Europe soient équipés de cette technologie. »
Pour consulter ce rapport, cliquez ici.
Pierre Titeux Inter-Environnement Wallonie