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Une étude révèle que les nanotubes de carbone pourraient causer des cancers

Par Cherche l'info • Pollution, chimie et substances nocives • Lundi 26/05/2008 • 0 commentaires • Version imprimable

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[ - Date: 2008-05-22]

Une nouvelle étude, réalisée par une équipe de chercheurs britanniques et américains, a révélé le potentiel carcinogène de certains nanotubes de carbone. Dans un article publié le 20 mai par la revue Nature Nanotechnology, les chercheurs décrivent des formations d'aspect amiantosique suite à l'inhalation en quantité suffisante de long nanotubes de carbone à paroi multiple (MWCNT).

Pour analyser les risques, l'expérimentation a porté sur l'injection de nanotubes longs ou cours, de fibres d'amiantes longues ou courtes ainsi que de noir de carbone dans la cavité abdominale de souris de laboratoire. «Les résultats sont clairs», déclare le professeur Kenneth Donaldson, co-auteur de l'étude et qui a mené cette à l'université d'Édimbourg (Royaume-Uni). «Les nanotubes longs et fins de carbone ont eu le même effet que les fibres d'amiante de même forme». Ils peuvent donc conduire à des mésothéliomes,

un cancer de la plèvre qui peut mettre 30 à 40 ans à se manifester après l'exposition à la substance nocive. Dans les années 1940, l'amiante s'est révélée être la cause des mésothéliomes; depuis, son usage a été réduit de manière drastique, mais il est fort probable que les cancers en résultant continuent d'apparaître pendant plusieurs décennies.

Cette étude soulève donc les mêmes inquiétudes à propos des MWCNT. Le professeur Donaldson souligne que certaines questions n'ont pas encore trouvé de réponse: «Nous ne savons toujours pas si les nanotubes de carbone peuvent passer dans l'air et être inhalés, et si c'est le cas, s'ils peuvent finir par atteindre la plèvre externe, très sensible. Cependant, s'ils arrivent jusqu'à cette membrane en quantité suffisante, il est possible qu'ils entraînent le développement de cancers chez certaines personnes, peut-être des dizaines d'années après qu'elles aient respiré l'air contaminé.»

D'après le Dr Andrew Maynard, également co-auteur de l'article et conseiller scientifique principal du projet intitulé «Project on Emerging Nanotechnologies», les industriels et les décideurs politiques doivent réagir rapidement. Il faut sécuriser les lieux de travail et les produits; d'autre part, d'un point de vue réglementaire, «nous devons nous assurer que tout est en place pour pouvoir tirer parti de cette technologie exceptionnelle, d'une manière aussi sûre que possible», souligne le Dr Maynard.

«Nous avons besoin de réglementations pour pouvoir mener les recherches adéquates afin de comprendre non seulement ce qui rend certains nanotubes dangereux, mais aussi comment les fabriquer sans danger. Entre autres résultats indiscutables, cette récente étude montre qu'il est possible de les rendre sûrs, au moins en ce qui concerne le déclenchement des mésothéliomes.»

«C'est un , pour les nanotechnologies en général et pour les nanotubes de carbone en particulier», ajoute le Dr Maynard. «Notre société se doit d'exploiter ce matériau incroyable, mais ne peut se permettre de le faire à ses dépens, comme cela a été le cas pour l'amiante.»

Les MWCNT sont formés de plusieurs couches concentriques de graphite ou d'une seule couche enroulée plusieurs fois sur elle-même. Ils permettent de fabriquer des matériaux composites très solides, qui servent actuellement dans l'industrie automobile, la fabrication de puces sur silicium, l'électronique et les articles de sport.

Les futurs domaines d'utilisation sont très variés, allant des catalyseurs jusqu'aux panneaux solaires, batteries, piles à combustible et capteurs, en passant par des surfaces médicales innovantes et de nouveaux médicaments. Selon le projet «Project on Emerging Nanotechnologies», le marché mondial des nanotubes de carbone devrait dépasser les 1,9 milliard de dollars (soit 1,2 milliard d'euros) en 2010.

Pour de plus amples informations, consulter:
http://www.nanotechproject.org/
http://www.nano.org.uk/
http://www.safenano.org/