Alors que de plus en plus d'études scientifiques confirment le lien entre pesticides et cancer , alors que notre consommation nous expose quotidiennement à la présence de pesticides dans les fruits et légumes, peut-on décemment encore défendre l'utilisation soi-disant maîtrisée de substances toxiques dans l'agriculture, au nom du rendement et d'intérêts commerciaux ? C'est pourtant le discours tenu par la ministre Laruelle.
ECOLO dénonce le lobbying exercé par le secteur phytopharmaceutique auprès des agriculteurs et des responsables politiques pour faire croire que le "paquet pesticides " (une directive et un règlement en voie d'adoption au niveau européen) va porter atteinte à la production agricole et à la sécurité alimentaire.
Dans les colonnes de journaux agricoles, on peut lire depuis deux semaines que " la phytopharmacie craint pour l'avenir " et que l'interdiction de certains pesticides par la nouvelle réglementation européenne va provoquer des pertes de rendement agricoles et des ravages dans certaines cultures. La semaine dernière à Gembloux, les organisations agricoles ont relayé ce discours, en y ajoutant l'argument que désormais il faudrait importer nos céréales . Ce dernier argument est d'ailleurs faux, la Belgique étant déjà largement déficitaire en céréales. Le blé cultivé en Belgique est très majoritairement destiné au fourrage et le blé panifiable est importé d'Allemagne. S'il faut effectivement restaurer une plus grande autonomie belge, ce n'est pas le recours à plus de pesticides qui va être déterminant.
Tous les arguments semblent bons pour défendre les producteurs de pesticides. Et la Ministre Laruelle d'entrer dans ce jeu en parlant de vouloir changer le texte européen et de " ne pas se laisser emporter par des voix populistes ! " Pourtant, interrogée en décembre dernier par la députée Thérèse Snoy sur la position belge face à cette législation européenne, Laruelle avait dit avoir soutenu l'accord politique présenté par la présidence (portugaise à l'époque), en demandant d'y inclure les biocides et pesticides utilisés par les particuliers. Oui, sans doute y a-t-il des craintes à avoir pour l'avenir, commercial, d'une certaine phytopharmacie ! Mais qu'en est- il d'autres craintes bien plus légitimes, qui sont les craintes pour la santé publique, et en particulier pour la santé des agriculteurs eux-mêmes ?
Est-ce " populiste " de s'inquiéter de la présence de résidus de pesticides dans 50 % de nos fruits et légumes, de s'inquiéter d'un dépassement des doses résiduelles admissibles dans près de 8 % des fruits et légumes, de regretter que les tests toxicologiques ne portent pas sur l'effet cumulé de ces substances, ni sur leur effet à long terme ?
Plutôt que de résister aux avancées européennes parfois trop timides en matière d'environnement, le monde agricole et phytopharmaceutique ne ferait-il pas mieux de développer au contraire la résistance des plantes cultivées aux nuisibles, en travaillant sur la biodiversité des espèces cultivées, sur celle des écosystèmes, et de rendre ainsi les agriculteurs moins dépendants d'intrants coûteux et de protéger ainsi leur santé ! Parler du bio ?
Thérèse Snoy
Députée fédérale ECOLO
ECOLO dénonce le lobbying exercé par le secteur phytopharmaceutique auprès des agriculteurs et des responsables politiques pour faire croire que le "paquet pesticides " (une directive et un règlement en voie d'adoption au niveau européen) va porter atteinte à la production agricole et à la sécurité alimentaire.
Dans les colonnes de journaux agricoles, on peut lire depuis deux semaines que " la phytopharmacie craint pour l'avenir " et que l'interdiction de certains pesticides par la nouvelle réglementation européenne va provoquer des pertes de rendement agricoles et des ravages dans certaines cultures. La semaine dernière à Gembloux, les organisations agricoles ont relayé ce discours, en y ajoutant l'argument que désormais il faudrait importer nos céréales . Ce dernier argument est d'ailleurs faux, la Belgique étant déjà largement déficitaire en céréales. Le blé cultivé en Belgique est très majoritairement destiné au fourrage et le blé panifiable est importé d'Allemagne. S'il faut effectivement restaurer une plus grande autonomie belge, ce n'est pas le recours à plus de pesticides qui va être déterminant.
Tous les arguments semblent bons pour défendre les producteurs de pesticides. Et la Ministre Laruelle d'entrer dans ce jeu en parlant de vouloir changer le texte européen et de " ne pas se laisser emporter par des voix populistes ! " Pourtant, interrogée en décembre dernier par la députée Thérèse Snoy sur la position belge face à cette législation européenne, Laruelle avait dit avoir soutenu l'accord politique présenté par la présidence (portugaise à l'époque), en demandant d'y inclure les biocides et pesticides utilisés par les particuliers. Oui, sans doute y a-t-il des craintes à avoir pour l'avenir, commercial, d'une certaine phytopharmacie ! Mais qu'en est- il d'autres craintes bien plus légitimes, qui sont les craintes pour la santé publique, et en particulier pour la santé des agriculteurs eux-mêmes ?
Est-ce " populiste " de s'inquiéter de la présence de résidus de pesticides dans 50 % de nos fruits et légumes, de s'inquiéter d'un dépassement des doses résiduelles admissibles dans près de 8 % des fruits et légumes, de regretter que les tests toxicologiques ne portent pas sur l'effet cumulé de ces substances, ni sur leur effet à long terme ?
Plutôt que de résister aux avancées européennes parfois trop timides en matière d'environnement, le monde agricole et phytopharmaceutique ne ferait-il pas mieux de développer au contraire la résistance des plantes cultivées aux nuisibles, en travaillant sur la biodiversité des espèces cultivées, sur celle des écosystèmes, et de rendre ainsi les agriculteurs moins dépendants d'intrants coûteux et de protéger ainsi leur santé ! Parler du bio ?
Thérèse Snoy
Députée fédérale ECOLO