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On a scindé DHL

A la vérité, en termes de nuisance, si le pire a été évité, le parfaitement insupportable demeure.

Par Cherche l'info • Avions: actualité, bruit et pollution • Samedi 23/10/2004 • 0 commentaires • Version imprimable

UN ARTICLE DE PIERRE BOUILLON publié sur lesoir.be

En décidant d'aller prendre de l'expansion ailleurs (à Leipzig ou Vatry), DHL enverra 1.700 travailleurs au chômage. On dira : si les promesses de DHL de détruire l'emploi sont aussi crédibles que celles d'en créer, on est à l'aise. Malheureusement, les mauvaises nouvelles sont souvent plus certaines que les bonnes. Sur ce coup-là, DHL est crédible, hélas-hélas.

Bémol - il n'est pas mince : la décélération de ses activités à Zaventem n'aura lieu qu'en 2008, ce qui laisse du mou à Verhofstadt pour être créatif - à supposer qu'il le soit (le débat est ouvert) et qu'il ait le temps de l'être.

On charge Verhofstadt ? Oui et non. Le CDH dit vrai : le Premier ministre a géré le dossier de façon légère, absurde et chaotique. En même temps, l'échec était devenu la seule issue logique. Pourquoi ?

1. La demande d'extension de DHL opposait deux soucis - l'emploi en Flandre et le sommeil à Bruxelles, et le compromis n'était possible qu'avec un engagement de DHL d'acheter des avions moins bruyants. Ce qu'il s'est dit incapable de faire. On lui demandait de faire un peu moins de bruit. Il comptait en faire beaucoup plus. De la sorte, pour la parenthèse, il a rendu service aux gouvernements fédéral, bruxellois et flamand : ils n'ont même pas été obligés de disputer. DHL les a mis d'accord.

2. Si ce dossier s'est soldé par un échec, c'est largement dû aux fautes du passé, fautes lourdes à qui l'on doit un aéroport enclavé dans de l'habitat, particulièrement dense de surcroît. Chapeau, là, à Jean-Luc Dehaene, ministre des Transports en 1989 (et à l'attelage CVP-PSC-PS-SP de l'époque), qui s'est flatté d'injecter 25 milliards de FB pour développer Zaventem alors que ce magot aurait pu financer la construction d'un aéroport, autre, nouveau, ailleurs, loin. On pourrait interpeller aussi les autorités flamandes, qui ont frénétiquement urbanisé les champs de patates qui ceinturaient encore l'aéroport dans les années 80. Vingt ans plus tard, une fois tout bien loti, la Flandre a jugé scandaleux que toutes ses nouvelles habitations soient les seules à devoir supporter le chahut des avions. On connaît la suite : le bruit a été dévié sur Bruxelles - tranquillement. Comiquement, depuis la nuit de mercredi à jeudi, tout se passe, dans les esprits, comme si DHL s'était déjà fait la malle et, avec lui, tous les autres coucous diurnes et nocturnes de Zaventem.

A la vérité, en termes de nuisance, si le pire a été évité, le parfaitement insupportable demeure. Avant de (partiellement) décamper, DHL décollera/atterrira encore 14.000 fois par an, de nuit, pendant 4 ans. Il reste beaucoup d'autres avions à Zaventem et, autour de ça, beaucoup de riverains dont le sommeil restera une sorte de défi quotidien. En clair : le plan de dispersion des vols, très contesté côté bruxellois, très aimé côté flamand, reste un écueil politique potentiel, et pas beaucoup plus sympathique à dire vrai que les autres - scission de BHV, le Forum, etc. Verhofstadt s'en sortira-t-il ? Possible. A ce stade de la législature fédérale, la balance échecs/réussites fait douter quand même.

Que l'on songe, en considérant simplement ces quelques dernières semaines, à cette déclaration gouvernementale annoncée pour le 21 septembre (et reportée au 12 octobre car rien n'était prêt), à ce budget 2005 qui prend déjà l'eau (il manque ces 200 millions que le fédéral comptait pomper chez les fédérés), à la confirmation que la DLU devrait rapporter (au mieux) quatre fois moins que prévu, à l'obligation d'étaler les mesures des superconseils de l'an dernier (c'était trop cher), à cette loi cannabis qu'il faut reprendre à zéro (c'était le cafouillis total) et, en finale, à DHL qui a décidé d'aller se faire voir ailleurs. Posons la question avec calme : c'est quand la dernière fois que Verhofstadt a réussi quelque chose ?