[CORDIS - Date: 2009-09-16]

Comment contrer la surexploitation des stocks de poissons et dynamiser la pisciculture commerciale? Pour certains experts, il suffit de faire appel aux poissons transgéniques, dont le matériel génétique a été modifié pour accélérer la croissance. Mais des chercheurs en Suède, financés par l'UE, tirent la sonnette d'alarme: l'évasion de poissons transgéniques dans la nature pourrait déclencher de nombreux problèmes et avoir un impact sur notre bien-être.

Ces travaux ont été conduits à l'université de Göteborg, en Suède, et s'inscrivent dans le projet ERATS («Ecological risk-assessment of transgenic salmon»), qui a reçu plus de 202 600 d'euros via le programme mobilité des actions Marie Curie du sixième programme-cadre (6e PC) de l'UE. Les partenaires du projet ont étudié l'effet sur l'environnement des organismes génétiquement modifiés (OGM) présents dans les fermes piscicoles, cherchant à mieux comprendre les risques écologiques associés à l'élevage commercial de poissons transgéniques.

La recherche a pu introduire des gènes venant d'autres organismes dans le génome des poissons, les rendant plus résistants aux maladies ou accélérant leur croissance. Ces poissons sont qualifiés de transgéniques. Un transgène est un gène ou du matériel génétique qui a été transféré d'un organisme à un autre, naturellement ou par quelque méthode de génie génétique.

Le transgène sélectionné est multiplié à l'aide de bactéries, puis séparé, purifié et introduit par micro-injection dans les oeufs des poissons cibles. Le transgène contient une séquence d'ADN qui code pour la caractéristique souhaitée. À ce jour, une vingtaine d'espèces de poissons ont été modifiées génétiquement, par exemple le saumon, la carpe et le poisson-chat.

Les progrès réalisés ont également permis aux chercheurs de produire des poissons qui supportent mieux des climats froids. Le résultat est que ces poissons se reproduisent plus facilement à des températures inférieures. Du point de vue de la pisciculture commerciale, les experts pensent que les poissons transgéniques peuvent élever le rendement.

Mais d'autres experts considèrent que ces poissons présentent des risques et ont des effets indésirables sur l'environnement naturel. L'un des risques est l'accumulation de toxines dans les poissons transgéniques, car ils les supportent mieux. Dans ce cas, c'est le consommateur qui doit gérer le surcroît de toxines. Sans oublier qu'il peut être affecté par le taux supérieur d'hormones de croissance.

«Jusqu'à nouvel avis, les poissons transgéniques devraient être élevés dans des systèmes fermés, à terre», déclare le Dr Fredrik Sundström du département de zoologie de l'université de Göteborg.

En simulant l'évasion dans un environnement de laboratoire, le Dr Sundström a pu étudier le saumon et la truite arc-en-ciel transgéniques pour déterminer les facteurs capables de perturber gravement l'environnement naturel. Les résultats ont montré que les poissons qui s'échappent d'un élevage ont bien plus d'effet sur l'environnement naturel s'ils sont transgéniques.

Par exemple, les poissons génétiquement modifiés ont plus de chances de survivre lorsque la nourriture est plus rare. Le Dr Sundström fait remarquer que «C'est probablement car ils convertissent mieux les aliments et sont plus compétitifs».

Selon les chercheurs, le principal souci est que les poissons transgéniques prendraient le pas sur leurs congénères naturels. Mais il reste difficile de déterminer l'impact de poissons transgéniques évadés dans la nature, car un laboratoire ne reproduit pas exactement l'environnement naturel.

Le Dr Sundström estime qu'il faut atteindre un consensus général avant d'autoriser la pisciculture commerciale. Il soutient qu'il convient d'appliquer le principe de précaution.

«L'une des possibilités est d'élever les poissons transgéniques à terre, ce qui empêcherait toute évasion», explique le chercheur suédois. «Il faut au minimum maintenir les poissons fertiles dans un système clos.»

L'élevage commercial de poissons transgéniques n'est autorisé nulle part, mais plusieurs demandes pour des entreprises de ce type sont évaluées par les autorités, en UE et aux États-Unis.

Pour plus d'informations, consulter:

Université de Göteborg: http://www.gu.se/