Mots-clés : Transport et mobilité, CO² et gaz à effet de serre
[CORDIS - Date: 2009-04-22]
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Une nouvelle étude montre que les émissions résultant du fonctionnement des navires augmentent les pluies acides sur les rivages et pourraient être responsables de plus de 25% de la quantité d'ozone accumulée au niveau du sol dans plusieurs régions côtières. Ces résultats ont été récemment publiés par Atmospheric Chemistry and Physics.
Des études précédentes ont montré que 70% de la navigation se fait à moins de 400 kilomètres du rivage. Le professeur Stig B. Dalsøren, du Centre for International Climate and Environmental Research de l'université d'Oslo en Norvège, et son équipe ont étudié la pollution générée par les navires et localisé les sites affectés. Les chercheurs se sont appuyés sur des données qui avaient été recueillies en 2004 à l'échelle mondiale.
Selon le professeur Dalsøren, la flotte de commerce comptait en 2004 plus de 90000 navires dans le monde, chacun jaugeant plus de 101 tonnes de jauge brute (101 tonnes métriques). Les chercheurs ont réparti les navires en 15 catégories (paquebots de croisière, supertankers, remorqueurs, etc.) afin de calculer la pollution résultante. Chaque catégorie a été divisée en sept gammes de tonnage. L'équipe a ensuite calculé les émissions lorsque les navires sont en mer ou au port.
Pour déterminer le lieu où est générée la pollution, les chercheurs ont étudié les voies empruntées par plus de 30000 navires au cours de cette période. «En 2004, les navires ont brûlé environ 217 millions de tonnes de carburant, dont 5% dans les ports», explique le professeur Dalsøren.
Ce carburant se composait en majorité de diesel riche en soufre, et sa combustion a conduit à la libération de plus de 16 millions de tonnes de dioxyde de soufre. «Ce gaz, associé aux divers oxydes d'azote (NOx) et aux autres gaz d'échappement, réagit avec l'humidité de l'air et résulte en des pluies acides», constatent les chercheurs.
À l'échelle mondiale, l'équipe a calculé que les navires sont responsables de plus de 10% des pluies acides résultant des émissions de NOx, et de près de 5% de celles résultant des émissions de dioxyde de soufre. Par exemple, les données montrent que dans le port de Singapour, environ 15% du dioxyde de soufre présent dans l'air proviennent des bateaux. L'étude a mené à un autre résultat tout aussi intéressant: dans plusieurs régions côtières (par exemple la Scandinavie) qui n'ont pas d'industries mais un trafic maritime notable à faible distance, près de 50% des pluies acides peuvent résulter des émissions des navires.
Le professeur Dalsøren souligne que les navires sont également responsables de la quantité notable d'ozone au niveau du sol, produite lorsque le soleil accélère des réactions chimiques dans un air chargé de polluants. Il ajoute que dans certaines parties d'Europe de l'Ouest, 5 à 15% de l'ozone au sol résulte des émissions provenant des navires.
Le Dr David Stevenson de l'université d'Édimbourg au Royaume-Uni déclare que ces découvertes démontrent «l'influence importante des émissions des navires sur la qualité de l'air dans les ports très actifs».
De son côté, le professeur James Corbett de l'université du Delaware aux États-Unis déclare: «Le grand intérêt de cette étude est que ses résultats s'accordent avec des données en cours de compilation par l'Organisation maritime internationale (OMI), qui a la responsabilité d'améliorer la sécurité maritime et de réduire la pollution venant des navires.»
Le professeur Corbett considère que cette étude aidera les scientifiques et les décideurs politiques à estimer plus efficacement les effets des réglementations proposées pour les différents types de bâtiments.
Pour de plus amples informations, consulter:
Atmospheric Chemistry and Physics:
http://www.atmospheric-chemistry-and-physics.net/