Source : Portail Santé - Environnement
La nouvelle étude de T&E démontre que l'absence de normes et de règlements en matière de bruit routier combinée à une croissance du traffic routier et une augmentation des engins motorisés de grosse cylindrée amènent à des situations problématiques pouvant causer le décès d'un nombre toujours croissant d'européens.Cette étude « Traffic noise reduction in Europe : health effects, social costs and technical and policy options to reduce road and rail traffic noise » a été commandée par T&E [1] à un bureau de consultants néerlandais CE Delft.
Quels sont les principaux constats ?
Près de la moitié de l'ensemble des européens sont exposés à des niveaux de bruits routiers dont les effets sur la santé sont potentiellement dangereux. En Europe, chaque année ce sont plus de 50.000 attaques cardiaques et plus de 200.000 problèmes cardio-vasculaires qui sont associés à des nuisances sonores routières (et ferroviaire). L'étude a montré que plus de 210 millions de citoyens européens sont exposés régulièrement à des seuils de bruit routier supérieurs à 55 décibels [2] contre 35 millions de citoyens soumis à ces seuils pour des bruits « ferroviaires ».
L'étude estime que les coûts à charge de la société (en incluant les couts de soins de santé) s'élèvent au moins à 40 billions d'euros par an pour l'ensemble de l'Union européenne.
Le rapport précise que la Commission européenne est en cours de procédure judiciaire contre un certain nombre d'Etats membres pour avoir omis de s'acquitter de leurs obligations aux termes de la directive européenne de 2002 sur le bruit dans l'environnement.
Que doivent faire les Etats membres ?
Pour rappel, cette directive 2002/49/EC imposait aux états membres de faire la cartographie « sonore » des grandes agglomérations et principales infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires pour juillet 2007. Les Etats membres devaient soumettre leurs rapports à la Commission pour fin décembre 2007. Et la majorité d'entre eux sont en retard... La Belgique aussi... [3]
Ces cartes doivent servir à identifier les populations soumises à des nuisances sonores diurnes et nocturnes. Pour le 18 juillet 2008, chaque état doit normalement proposer des plans d'action et des informations au public sur les impacts du bruit et les mesures à prendre pour réduire ces impacts. Ces plans doivent alors être soumis à enquête publique. Pour en savoir plus au niveau européen (en anglais).
Recommandations des ONG
De la même façon que la qualité de l'air en milieu urbain, la problématique du bruit routier a été ignorée pendant des décennies jusqu'à ce que les impacts négatifs deviennent un véritable problème de santé publique. Cela fait pourtant près de 30 ans que ce sujet est « à l'agenda » européen...
T&E, précise dans son rapport que les technologies disponibles pour les moteurs, les pneus et les revêtements routiers pourraient si elles sont appuyées par des normes adéquates, se combiner pour rendre les routes plus silencieuses de cinq décibels, ce qui équivaut à réduire les nuisances sonores de 70% !
Mais pendant ce temps, la législation européenne stagne. Un projet de révision des règles régissant le bruit de roulement a déjà été repoussé à maintes reprises par la Commission européenne en dépit de l'échéance prévue initialement pour un ré-examen complet en 2004. Une proposition de nouvelle directive sur le bruit des pneumatiques est maintenant attendue pour cet été 2008.
T&E conclut en recommandant à l'Europe d'introduire une législation pour réduire le bruit généré par les pneus à un niveau effectif de 71 décibels d'ici 2012 et davantage pour 2016. La fédération recommanda également la définition de standards pour le revêtement des routes basé sur les performances sonores et que ce critère soit intégré dans les offres publiques et cahiers des charges des travaux de rénovation d'infrastructures routières.
L'étude complète peux être téléchargée sur le site de T&E.
Un résumé « Can you hear us ? » reprenant les recommandations de la fédération T&E est également disponible (12 pages)
[1] est la principale ONG européenne en matière de Transport durable et d'Environnement, Inter Environnement Wallonie est membre de T&E
[2] seuil reconnu par l'OMS comme étant le seuil d'apparition des effets néfastes sur la santé du bruit ambiant
[3] chez qui, par ailleurs, cette compétence relève des régions pour ce qui est de l'environnement mais du fédéral pour ce qui est des normes de produits