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L'usine de pesticides Chimac-Agriphar à Ougrée (Seraing)

Un cas d'école

Par Cherche l'info • Pollution, chimie et substances nocives • Lundi 26/01/2009 • 0 commentaires • Version imprimable

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L'usine de pesticides Chimac-Agriphar à Ougrée (Seraing)
 
Recours favorable, questions en suspens
 
Résumé des épisodes précédents: Cette entreprise de pesticides est classée Seveso 2, à haut risque. L'incendie de 2005 avec évacuation de la population et l'hécatombe de milliers de poissons tués par deux insecticides déversés accidentellement dans la Meuse en 2007 ont entraîné une grande inquiétude parmi les populations avoisinantes.
La direction de l'entreprise a déposé une demande de permis pour pouvoir notamment augmenter la production de 30 %. Des conditions préalables ont été fixées. Un recours a cependant été introduit avec l'appui du des riverains; de son côté, a également introduit un recours sur le seul aspect de la représentation des riverains au d'accompagnement (il était prévu que la commune serait habilitée à choisir les représentants des riverains après appel public à des candidatures).
 
            Le des riverains a diffusé un "toutes boîtes" faisant un bilan très général de ce qui a été obtenu et de ce qui n'a pas été obtenu.
 
 
La pétition a été utile !
 
Quasiment tous les habitants d'Ougrée-bas présents au moment de notre passage ont signé la pétition exigeant que l'entreprise de pesticides soit sérieusement sécurisée avant toute hausse de production. Les riverains d'Angleur, de Sclessin, de Seraing sollicités ont aussi signé massivement. Trois mille signatures ont été récoltées en peu de temps et elles ont pesé dans les conditions imposées par les autorités dans le nouveau permis d'exploiter.
 
Ce qui a été obtenu:
Les filtres pour épurer les gaz nuisibles rejetés dans l'air doivent être installés pour le 30 juin 2009 (Il n'y a rien jusqu'à présent pour les éliminer !).
Tous les rejets de poussières seront filtrés pour fin 2009; un entretien annuel des filtres est prévu (actuellement, une partie des poussières est filtrée).
Pour l'épuration des eaux usées, mesures fort strictes et contrôles quotidiens; de plus, un nouvel égouttage dans le sol est en cours.
Pollution du sol (métaux lourds, huiles minérales, HAPs et pesticides divers): plan de réhabilitation dans un an.
Désignation de personnes qualifiées aux endroits à risque, en nombre suffisant (à vérifier par l'inspection Seveso).
Il faudra naturellement veiller à ce que le calendrier soit respecté: le contrôle citoyen (par le biais du des riverains et du d'accompagnement) et le contrôle de la sont absolument nécessaires.
 
       Ce qui n'a pas été pris en considération:
Des produits interdits dans l'Union européenne sont stockés, en toute légalité. Insupportable au point de vue éthique (vendre à d'autres ce qui est estimé nuisible pour nous !) et dangereux en cas d'accident.
Des produits en voie d'interdiction – ils sont de plus en plus nombreux ! – sont utilisés et vendus jusqu'à la dernière échéance: cette entreprise située dans une zone habitée devrait montrer l'exemple en se limitant aux produits les moins dangereux, c'est le contraire qui se passe.
C'est d'autant plus inquiétant que la préparation de la population en cas d'accident n'a pas progressé depuis l'incendie (à part un exercice dans des écoles). Sans parler des sirènes inaudibles, du chemin d'évacuation promis et non réalisé, etc.
 
Le combat n'est pas terminé, les succès engrangés sont des encouragements à poursuivre. Votre soutien est plus que jamais le garant de succès futurs.
Revenons sur quelques aspects qui méritent des commentaires.
1) Le stockage de produits interdits dans l'Union européenne et l'élimination des produits les plus dangereux.
Qu'en dit le recours approuvé par le gouvernement wallon ?
"[…] le requérant prétend que la S.A. Chimac stocke, sur le site d'exploitation, des produits interdits par l'Union européenne, pour ensuite être commercialisés; […] en effet, certains produits sont interdits à la vente, mais uniquement dans l'Union européenne; […] la société peut donc créer, stocker et vendre ces produits interdits hors Union européenne; […] il n'appartient pas à l'autorité compétente d'interdire leur vente hors Union européenne […]."
Concernant les produits les plus dangereux, même dérobade: "[…] l'autorité compétente ne peut imposer l'utilisation d'un produit plutôt qu'un autre puisque cela dépend des spécifications demandées par le client; […] il faut donc que le produit de remplacement rencontre le souhait du client;"
Le principe de substitution – non encore obligatoire, mais ce sera pour bientôt dans l'UE – est complètement ignoré par l'autorité fort peu compétente en ce domaine. S'il est vrai qu'il n'est pas possible à cette autorité d'interdire tel ou tel produit – ce qui n'était pas demandé par nous, et pour cause –, il est absolument nécessaire d'inciter (par la menace de contrôle accrus ? par quelques mesures de sécurité supplémentaires ?) la direction de Chimac de s'orienter dans une autre direction, d'adopter une autre attitude, d'autant que l'UE encourage le passage à la "chimie verte" ! Le mot éthique existe et devient de plus en plus en vogue, même dans l'industrie: vendre ailleurs ce que nous considérons comme nuisible pour nous est-il admissible ? La présence même de ces produits interdits par l'UE constitue en outre une menace constante pour les riverains.
 
2) La hausse de production de 30 %
L'augmentation de production servira surtout à préparer un fongicide à base de dodine, afin de soigner une maladie grave atteignant les bananes (maladie de Sigatoka). Là aussi, l'éthique est-elle au rendez-vous? La dodine est placée sur la liste noire de Greenpeace[1]. Comment est-elle utilisée en Afrique et en Amérique latine ? Quelles sont les conditions de travail du personnel ? Quelles protections pour les travailleurs lors des pulvérisations ? Que devient l'environnement dans une monoculture soumise à de nombreux traitements de pesticides ? On devine aisément la plupart des réponses.
Il faudrait à la fois une conscience plus pertinente des risques liés aux pesticides dans la population et des sentiments plus aigus de solidarité avec les pays du Sud pour qu'une action soit menée sur ce terrain.
 
3) La préparation de la population
            Depuis l'incendie de 2005, qui a révélé l'état d'impréparation de la population (et des services concernés), peu a été fait. Un exercice de confinement et d'évacuation dans quelques écoles a eu lieu l'année passée. C'est tout. La population n'est toujours pas préparée ni au confinement et encore moins à l'évacuation (les autorités nient même l'urgence de s'y préparer). Les sirènes sont inaudibles, les deux nouvelles qui attendaient d'être installées depuis… un an au moins semblent en voie de l'être. Le chemin d'évacuation pour les habitants des rues sans issues – donc obligés de s'échapper en se dirigeant vers l'usine – a été promis par le bourgmestre pour fin… 2007, mais toujours pas tracé.
            Cette situation accentue le sentiment d'insécurité. Le voulait que la hausse de production n'ait pas cours tant que la population n'était pas mieux préparée. Dans le recours, il n'en est pas tenu compte – bureaucratie oblige – car c'est de la compétence d'autres autorités (fédérales et provinciales, non régionales). Comme si la protection des riverains se découpait arbitrairement en fonction des différentes autorités responsables !
 
4) Le d'accompagnement
Le permis prévoyait la constitution d'un d'accompagnement composé de représentants de l'entreprise, de la commune, de la et des riverains. Ce n'a pas grand poids, sa principale utilité pour les riverains est de glaner quelques informations sur l'entreprise, qui prend soin de ne pas divulguer ce qui pourrait lui nuire. La procédure pour choisir les représentants des riverains était antidémocratique: appel public à candidats par la commune qui ensuite ferait son choix. Deux autres comités d'accompagnement de la commune ont été constitués d'une manière semblable (c'était un département de la qui choisissait parmi les candidats des riverains), notamment celui du Haut Fourneau 6 après sa réouverture. D'autres comités d'accompagnement en ont sans doute suivi une procédure antidémocratique (Intradel ?).
Le recours donne satisfaction aux riverains, ainsi qu'à . La commune est chargée de convoquer une réunion de riverains qui élira les représentants des riverains. Il est rappelé qu'aucune autre partie participant au d'accompagnement (commune, et… direction de l'entreprise) ne peut interférer dans la procédure concernant les riverains. Ceci pourrait d'ailleurs servir à remettre en cause les autres comités d'accompagnement !
Mais concrètement, la commune s'est contentée d'un appel discret à une réunion des… candidats des riverains et non à une réunion des riverains eux-mêmes. La démocratie, c'est compliqué… Que s'est-il passé à cette réunion ? Le des riverains a invité ses sympathisants à s'y rendre et à soutenir sa liste de candidats pour Seraing. Il fallait 4 effectifs et 4 suppléants pour Seraing, la moitié pour Liège. Finalement, c'est le qui a tenu la réunion et a fait élire ses candidats (seule modification: une riveraine en bons termes avec le a été choisie en tant que suppléante). Pour Liège, il n'y a pas eu de vote, il y avait 4 candidats pour les 4 places: deux de ces candidats font partie du , un autre est président du de quartier de Sclessin qui soutient notre combat et le quatrième n'est pas connu de nous.
 
5) La procédure pour le permis unique à peine terminée, voilà que nous apprenons que Chimac entame une nouvelle enquête publique pour l'installation d'une cinquième cuve à insecticides ! La direction prétend que la production ne sera pas augmentée, l'objectif étant d'éviter diverses manipulations et transvasements. Il n'empêche que cela révèle une grande capacité d'improvisation (ou un calcul douteux ?), car la direction aurait pu y penser avant ! Nous demanderons naturellement un maximum de garanties (installation préalable d'arrosage automatique, de filtres pour épurer l'atmosphère, etc.)
 
Dans l'ensemble de la démarche, le positif est que les riverains ont commencé à s'inquiéter des pesticides, surtout les parents qui ont des enfants en bas âge. Dans des quartiers considérés comme "défavorisés", en butte à de nombreuses pollutions, aux revenus plutôt bas, peu informés des problèmes modernes (alimentation saine ou polluée, matériaux de construction écologiques ou conventionnels, détergents et cosmétiques dangereux ou non pour la …), une résistance est née.
 
 
Michel Nejszaten (porte-parole du des riverains de Chimac et Agriphar)
 

[1] The Dirty Portfolios of the Pesticides Industry, Product Evaluation & Ranking of Leading Agrochemical Companies, A report by Greenpeace, June 2008.