Mots-clés : Inter-Environnement Wallonie, Région wallonne, Environnement et énergie
André Antoine, Ministre wallon de l’énergie, a procédé ce lundi à l’inauguration officielle de Biowanze, usine dédiée à la production d’agrocarburants.
Pour la Fédération Inter-Environnement Wallonie, si elle participe à l’image d’une Wallonie dynamique et tournée vers l’avenir, cette infrastructure ne contribue en rien à la lutte contre les changements climatiques ni à la conquête de notre indépendance énergétique. Elle crée même plus de problèmes qu’elle n’en solutionne.
Il y a longtemps que l’aura entourant les agrocarburants s’est estompée. On sait aujourd’hui que ce qui nous fut vendu comme l’énergie du futur sensée réduire les émissions de CO2 tout en permettant de reculer la fin annoncée du pétrole, recèle d’innombrables effets pervers la vouant sinon à l’échec, à tout le moins à un développement très limité. Déforestation générant des rejets massifs de gaz à effet de serre, cultures industrielles gourmandes en eau mais aussi en intrants et traitements chimiques, pression sur le cours des denrées alimentaires ne sont que quelques-uns de ces vices même plus cachés.
Appelé à produire quelque 300.000 m3 de bioéthanol par an, Biowanze absorbera quelque 800.000 tonnes de céréales soit plus de la moitié de la production wallonne. Or, notre pays est déjà loin de l’autosuffisance et importateur massif de céréales. Il y a donc lieu de s’interroger sur cette stratégie consistant à augmenter notre dépendance alimentaire… tout en générant des transports consommateurs d’énergie et émetteurs de CO2 (maux que la production d’agrocarburants devaient prétendument solutionner…).
Et il y a d’autres enjeux.
Pour atteindre les 10% d’incorporation d’agrocarburants voulus par l’Europe, il faudra cultiver 15% de la surface agricole totale. Finies les friches et les jachères, adieu la biodiversité…
Par ailleurs, la rentabilité de Biowanze ne sera possible que grâce à l’octroi de « certificats verts », système favorisant « la production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelable ou de cogénération ». Or, ici, ces certificats vont être octroyés pour la production de carburant ce qui constitue un dévoiement du système désastreux en termes d’efficacité et de cohérence du message.
Pour la Fédération Inter-Environnement Wallonie, ces incitants doivent être exclusivement réservés à la production d’électricité verte. Par ailleurs, en matière de réduction des émissions de CO2 et de consommation énergétique dans les transports, l’avenir ne réside pas dans une solution miracle, agrocarburant ou autre, mais bien dans la mise en œuvre des trois seules politiques réellement efficaces : contrôle des besoins de mobilité, diminution de la consommation des véhicules, développement d’alternatives séduisantes. Le message peut sembler lassant à force d’être répété mais il reste encore et toujours le seul valable. Biowanze ne peut l’occulter.