Mots-clés : Environnement et énergie
Mardi dernier, Electrabel lançait une nouvelle campagne publicitaire vantant des prix de l'électricité en Belgique inférieurs à la moyenne européenne, et une politique de production d'électricité "verte". Greenpeace, qui a diffusé le 30 octobre le film d'animation "Tous plumés par Electrabel", souhaite recadrer ces affirmations.
Electrabel passe sous silence le fait que, pendant près de 30 ans, ses prix ont été parmi les plus élevés d'Europe. Elle oublie également de préciser que, bénéficiant d'un contexte historique particulièrement favorable et d'une transition vers la libéralisation bâclée, elle engrange des marges bénéficiaires plus de 2 fois supérieure à celles constatées dans les pays voisins.
Mais elle élude surtout la question la plus intéressante: par quels mécanismes Electrabel engrange-t-elle de manière illégitime des bénéfices extraordinaires, estimés par la CREG à plus de 11 milliards d'euros à l'horizon 2025 ?
«Ces sommes doivent être le plus vite possible intégralement récupérées au profit de la collectivité et réinvesties dans l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables, seules solutions durables aux changements climatiques », précise Fawaz Al Bitar de Greenpeace. « Si les autorités belges ne prennent pas les mesures qui s'imposent, elles rateront un indispensable virage énergétique.»
Force est de constater par ailleurs qu'Electrabel reste caractérisée par une production d'électricité dangereuse, polluante et inefficace, au départ principalement de centrales nucléaires et au charbon. La majorité de l'électricité "verte" produite par Electrabel en Belgique (moins de 2% de la production totale) provient de biomasse brûlée dans des centrales au charbon vieillissantes et particulièrement peu efficaces.
A l'échelle européenne, les 16 % d'énergie renouvelable dont se targue la filiale de Suez proviennent essentiellement d'une politique de rachat d'installations existantes et ne traduisent pas une volonté du producteur électrique de développer activement les énergies renouvelables en Europe.
«La position ultra-dominante d'Electrabel ne semble pas faiblir », poursuit Fawaz Al Bitar. « Elle constitue un réel frein au développement des investissements en solutions alternatives et durables aux changements climatiques. Pire, la situation actuelle pourrait mettre à mal la contribution de notre pays aux engagements européens en matière de lutte contre les changements climatiques.»
Pour avoir travaillé longtemps dans la "nébuleuse" Electrabel, je pense que les critiques actuelles doivent être nuancées. Avant 1990, l'électricité était produite en Belgique par plusieurs sociétés, plus ou moins privées. L'influence du politique était considérable et a considérablement modifié les différentes politiques énergétiques. Pour le nucléaire, qui s'est développé pendant le premier choc pétrolier, l'argument était: c'est cher mais une fois l'investissement amorti, tout le monde va bénéficier d'une énergie quasi gratuite. Que ces "promesses" ne soient pas tenues est AVANT tout lié aux politiques qui ont occultés des coûts d'exploitation artificiellement élevés pour garantir leur rente. La libéralisation a été un casse-tête dans ce contexte mais bien entendu les politiques ont trouvé des moyens pour contourner ce dont le libéralisme les privait.
Comme de plus, et les récents événements le prouvent, nos politiques, bien qu'avides, ne sont pas les plus futfut, et croire qu'un tel gâteau était une rente à vie ne s'est pas révélé exact: la fée Electricité en Belgique est tombée dans les mains du privé français, grâce entre autres à l'indifférence des politiciens flamands qui méprisaient la Société générale, repaire de Fransquillons, et bien sûr Suez ne s'est pas privé pour accaparer les super bénéfices qui avaient été cachés jusque là par la collusion des politiques et des "financiers" enrichis par les initiatives douteuses de nos "cercles dirigeants".
Si on avait déclaré les vrais bénéfices de l'époque, les actions auraient été valorisées à plusieurs fois leur prix de cession et il n'aurait pas été possible pour Suez de conclure son OPA, en tous cas pas au prix d'ami qu'ils l'ont eu.
Plutôt que de s'attaquer à la lance aux éoliennes, il me semble qu'un gouvernement comme le gouvernement wallon (ANtoine, ouh, ouh!) devrait collaborer directement avec les producteurs d'énergie. Les budgets de prime et les investissements sont un outil MAJEUR pour obtenir une collaboration sérieuse de ces gens-là, avec comme objectif la diminution sérieuse des émissions . A mon avis, si quelqu'un gagne de l'argent ne me dérange pas, s'il fait réellement quelque chose d'important pour réduire nos émissions. Ce n'est peut-être pas leur intérêt capitalistique que de réduire la consommation de leurs produits mais l'amélioration de leur image de marque me semble plus importante par ce biais que par celui de campagnes douteuses de publicité.
Tient une idée qui vient de ma passer par l'esprit: les photo-voltaïques. Antoine dépense beaucoup d'argent pour convaincre les gens d'installer ce gadget plutôt cher sur leur toit. Le rendement en est assez faible sous nos latitudes et malheureusement nul en hiver quand on en a le plus besoin.
Mais ou est-il écrit que l'on doive installer des photo-voltaiques wallons en Wallonie? Pourquoi la mondialisation ne s'appliquerait-elle pas aux réductions d'émission, après tout plus important que l'endroit ou déscafiote les crevettes? En accord avec des gens comme Electrabel qui sont équipés pour gérer des situations supranationales , on pourrait très bien installer nos panneaux dans le sud de l'Europe et confier à Electrabel le soin de ramener cette électricité verte chez nous. Il faudra les payer mais si le rendement est plusieurs fois celui de nos chaumières, le but recherché est atteint.
Mon frère vit en Provence et il a au moins 300 jours de soleil et est plein sud; il pourrait installer des panneaux sur son toit. Exactement comme un appartement de vacances, il pourrait "vendre" un ou plusieurs panneaux à un étranger. Ce serait aux sociétés d'électricité de gérer la distribution de cette électricité mais l'investissement écologique serait clairement celui du propriétaire du panneau.