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EXCLUSIF ! Les éoliennes perturbent l’activité cérébrale

Par L'informateur • Un petit accès d'humeur... • Vendredi 15/03/2013 • 0 commentaires • Version imprimable

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« Je préfère une centrale nucléaire à des éoliennes et je la veux bien dans mon jardin ! » La sentence, extraite des nombreux messages enflammés reçus suite à ma précédente chronique – « Bêtes de sexx (Syndrome éolien exacerbé) » – témoigne de l’irrationalité dans laquelle a sombré le débat sur l’énergie éolienne. Bien sûr, c’est le genre de déclaration entre con-con et cul-cul qui ne mange pas de pain et n’engage pas à grand-chose – j’aimerais voir la tronche de son auteur à l’annonce de l’implantation d’un réacteur et de ses appendices dans son champ de vision ! – mais elle s’avère révélatrice du sentiment dominant bel et bien aujourd’hui au sein de la population : beaucoup tolèrent mieux les dangers avérés du nucléaire que les nuisances fantasmées de l’éolien. 
Une mobilisation locale contre un projet de moulins à vent réunit ainsi plus de monde qu’une manifestation internationale pour la fin d’une énergie atomique hypothéquant la sécurité de millions de personnes et de plusieurs générations futures. Et, sur un site d’information, le raout anti-nucléaire est qualifié d’« énervant »par près de deux tiers des lecteurs tandis que des centaines de posts fustigent le cadre éolien wallon, « les communistes verts »« les fossoyeurs de la Wallonie »« les dogmatiques intégristes et incompétents » qui« sacrifient les paysages et la santé des riverains »« méprisent les citoyens »« dilapident l’argent public »au « profit d’entreprises mêmes pas belges »… Le contenu de ces contributions amènerait d’ailleurs à penser que, effectivement, la proximité voire même la simple évocation des éoliennes perturbe gravement l’activité cérébrale !
Par-delà la polémique, il est fascinant – mais aussi inquiétant – d’observer la dualité de ces positions, de découvrir combien ceux-là même qui dénoncent des choix dogmatiques regardent et analysent les choses avec des œillères tellement étroites qu’elles les aveuglent et les conduisent droit dans le mur du discrédit.
Je ne reviendrai pas sur le caractère éminemment subjectif de la beauté d’un paysage avec ou sans éolienne ni sur les mythe et réalité des nuisances sonores générées par le vent dans les pales. Il m’apparaît par contre utile de m’arrêter sur quelques arguments qui, à côté de ces éléments éculés, viennent compléter le réquisitoire des anti-éoliens. Arguments au premier rang desquels apparaît le toujours efficace enjeu financier décliné sur l’air de « ça coûte cher et c’est vous qui payez ». Ce qui n’est pas faux… mais nécessite d’être précisé.
Le développement et la mise en œuvre d’une nouvelle technologie à toujours un prix. Ainsi, le système des certificats verts créé pour soutenir le démarrage des énergies renouvelables – et qui doit donc être limité dans le temps – grève effectivement la facture des consommateurs mais ceux-ci ont de même financé lourdement le nucléaire, non seulement à travers leurs factures mais également via des financements publics plus que généreux : entre 1977 et 1999, 70% des aides à la Recherche et au Développement en matière d’énergie furent investis dans les filières nucléaires contre 5% pour l’ensemble des énergies renouvelables. Il convient par ailleurs de signaler combien les montants aujourd’hui en jeu à travers les certificats verts apparaissent plus que dérisoires en comparaison de ceux qui devraient être mobilisés pour la construction d’une nouvelle centrale – car, on a tendance à trop souvent l’oublier, les unités de production actuelles arrivent en fin de vie.
De manière plus inattendue, les « nouveaux » discours anti-éoliens dénoncent la présence de terres rares dans les éoliennes et, après s’être inquiétés de l’impact sur la santé des riverains, s’insurgent contre les« conditions sociales et environnementales inacceptables dans lesquelles celles-ci sont extraites dans les pays du Sud ».
Impossible, évidemment, de ne pas souscrire à cet élan de solidarité vis-à-vis de populations exploitées là-bas pour que nous en tirions profit ici. Dommage toutefois que cette indignation se manifeste exclusivement dans un contexte où elle sert davantage la cause de ceux qui l’expriment que les intérêts des victimes qu’elle prétend défendre. Car, oui, les aimants présents dans les éoliennes utilisent des terres rares – et c’est (notamment) en raison de cette rareté que l’éolien est considéré non comme la panacée mais comme un constituant parmi beaucoup d’autres du mix énergétique de demain. Et, oui encore, l’exploitation de ces terres rares – qui sert bien d’autres productions : industrie du verre, piles rechargeables, pots catalytiques, batteries des véhicules électriques, téléviseurs LED, etc. – mérite d’être condamnée tant elle s’opère au mépris de l’environnement et, plus encore, de la santé des travailleurs exposés à des cancers du poumon, du pancréas ou du sang. Mais il y a des mais.
D’une part, le constat et la dénonciation devraient également valoir pour les éoliennes off-shore que nos Don Quichotte exonèrent pourtant de cette tare …comme de bien d’autres. 
D’autre part, il serait cohérent qu’une même compassion s’exprime envers les mineurs en charge d’extraire l’uranium destiné aux centrales nucléaires. La santé de ceux-là ne vaut en effet pas moins que celle des autres. 
Aussi longtemps qu’elle restera focalisée sur l’objet unique de leurs gémonies, la préoccupation humaniste des anti-éoliens ne sera qu’un cache-sexe moral ne dissimulant rien de leurs intérêts égocentriques.
De même, je ne sais trop comment réagir face à la revendication, plusieurs fois exprimée sur les forums et dans les messages reçus, de « l’application à l’éolien du sacro-saint principe de précaution dont les écolos ont plein la bouche ». Si je peux entendre la demande, j’échoue à la comprendre lorsque, dans le même temps, ses porteurs dénoncent le développement éolien comme la « conséquence de l’obsession maladive et philosophique de certains de sortir du nucléaire » et estiment que « le nucléaire a fait ses preuves, c’est de l’énergie propre, abondante et pas chère dont il est stupide de vouloir se passer ».
Allo...? Non mais allo, quoi...! Allo ? Allo...? Vous me recevez...?!? 
Désolé, Messieurs-Dames, de vous ramener brutalement dans le monde réel mais si une éolienne peut tout au plus s’avérer gênante, une centrale nucléaire, voyez-vous, ça peut faire « Boum ! », exploser, ou tout simplement fuiter, laisser filtrer quelque liquide ou gaz radioactif. Ra-dio-ac-tif, cela aussi justifierait pleinement l’application du principe de précaution, non ? Les conséquences potentielles d’un accident seraient en effet autrement dramatiques que les « vertiges, maux de tête, anxiété, nervosité, palpitations, trouble du sommeil, dépression » censés caractériser le syndrome éolien. Autant de maux, qui, soit dit en passant, paraissent tout aussi imputables à la crainte et au rejet de l’engin qu’à sa présence…
La grande chance du nucléaire, c’est que, hormis pour les victimes directes d’une catastrophe, il mutile et tue proprement, à petit feu. Les milliers de personnes malades ou mortes de cancers suite aux catastrophes de Tchernobyl et Fukushima n’offriront jamais l’image de leurs cadavres comme repoussoir de la technologique qui les a tués… Ce qui permet à certains de faire comme si elles n’existaient pas et de proposer sans honte l’atome comme alternative aux énergies renouvelables, éolienne ou autres.
Mais le plus édifiant réside dans le cynisme nymbiste et assumé par lequel certains justifient leur opposition, reconnaissant « je n’ai rien contre les éoliennes, mais pas dans mon jardin » ou, summum de l’égocentrisme, fustigeant un contributeur «  (…) « je préfère voir une éolienne derrière chez moi qu’une centrale nucléaire » : égoïsme typique d’un écolo, ce qu’en pensent ses voisins, il s’en fout ! »
Je sais que les échéances électorales approchent et qu’il importe plus que jamais d’être «  à l’écoute de l’électeur » mais que des politiques relaient quasi unanimement ce combat d’arrière-garde me sidère. Pareille frilosité, pour ne pas écrire lâcheté, sur un enjeu somme toute mineur au regard des changements radicaux à opérer pour construire une société équitable et durable n’augure pas vraiment de lendemains qui chantent… Il ne manquerait plus que le syndrome de Francorchamps ne frappe les ministres et mandataires écologiques – « Nous n’avons pas compris combien le sujet était sensible pour la population… » – et ne les amène à revoir leur position !
Allez, à la prochaine. Et d’ici là, restez vigilants car, comme le dit le proverbe, « Quand on se noie, on s’accroche à tout, même au serpent ».
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