Source : La conférence de Bali.
Jeudi 6 décembre
Nusa Dua, qui accueille la conférence, semble se remplir chaque jour davantage. Le sommet de Bali bat tous les records d'affluence cette année, 10 000 personnes environ ayant fait le déplacement en cette première semaine et 5000 de plus étant attendues à partir de lundi. Les organisateurs semblent avoir été quelque peu pris de court, au vu des nombreuses files aux salles informatiques, des longues attentes pour emprunter un vélo ou la navette entre les deux centres de conférence, ou des salles de conférences très souvent surchargées. Il est ainsi très fréquent de voir des participants assis à même le sol pour assister aux négociations.
Certains diront que la beauté de l'endroit n'y est pas étrangère. Mais il va se soi que le prise de conscience des problèmes liés aux changements climatiques n'a jamais été aussi forte, en témoigne le nombre et la diversité des ONG représentées. Un thème en particulier semble attirer de plus en plus d'attention, du moins auprès des associations : changements climatiques, équité et justice sociale. Bon nombre de stands y sont consacrés dans le petit hall d'exposition, et plusieurs conférences organisées en marge des négociations ont déjà abordé les questions très diverses liées à cette thématique.
Les changements climatiques sont profondément injustes et soulèvent, en soi, de nombreuses à questions à ce propos. D'une manière générale, les principaux responsables du réchauffement – les pays industrialisés – seront le moins affectés par ses conséquences. Mais les préoccupations se font de plus en plus fortes quant au caractère inéquitable de nombreuses mesures justement destinées à lutter contre le phénomène. Les outils qui seraient mis en place en place pour lutter contre la déforestation, par exemple, semblent ignorer totalement les impacts négatifs sur les populations locales qu'induirait l'approche actuellement privilégiée, laquelle se limite à considérer les forêts comme des stocks de carbone pouvant être acheté et vendu sur les marchés d'échanges. En Indonésie par exemple, une approche aussi réductrice ne bénéficierait qu'aux grandes entreprises agro-forestières et attiserait les conflits sociaux actuels entre petits paysans et grands propriétaires terriens.
Un autre exemple illustrant à merveille les impacts potentiellement négatifs d'une politique climatique qui ne tiendrait pas suffisamment compte des aspects sociaux est celui des agrocarburants. Plusieurs conférences ont ainsi permis à de petits paysans locaux d'expliquer les effets dévastateurs de la politique actuelle des pays industrialisés, et en particulier de l'Union européenne, en la matière. Il s'agit en effet très souvent d'une nouvelle manière pour les pays du Nord de s'immiscer dans les politiques locales des pays en développement, mettant gravement en péril leur souveraineté alimentaire, l'accès aux terres, et le respect de leur environnement. Ces politiques conduisent une nouvelle fois les pays industrialisés à exporter leur empreinte écologique vers les pays du Nord, et ne bénéficient très souvent qu'aux multinationales étrangères.
C'est justement sur les liens entre changements climatiques et justice sociale que la coalition climat et Climat et Justice Sociale ont voulu insister en organisant la manifestation de ce 8 décembre à Bruxelles, journée mondiale de la lutte contre les changements climatiques. Rendez-vous à 14h30 Gare du Midi. Soyez nombreux, afin que le signal envoyé aux politiciens soit fort !
