Mots-clés : Réchauffement climatique
Durant ces quinze jours, des représentants de 182 pays reprennent les négociations sur différentes questions qui n’avaient pu être résolues à Copenhague en décembre dernier. On se rappelle en effet que malgré une mobilisation sans précédent autour de l’événement et de ses enjeux, la Conférence sur les changements climatiques tenue dans la conférence danoise n’avait abouti qu’à une déclaration politique non contraignante, l’Accord de Copenhague. Après la déception et la confusion qui ont régné suite à cet échec, cette première inter-session est cruciale pour remettre les négociations internationales sur la voie d’un accord global sur la lutte contre les changements climatiques. Objectif : préparer le nouveau sommet onusien qui aura lieu à Cancún fin de cette année.
A Bonn, les discussions se poursuivent au sein de quatre entités différentes : d’une part, le SBI et le SBSTA, deux organes permanents à caractère technique ; d’autres part, le AWG-LCA et le AWG-KP, deux groupes de travail temporaires à caractère plus politique. Explications.
AWG – LCA Ad Hoc Working Group on Long-term Cooperative Action under the Convention Le groupe de travail de l’action concertée à long terme est la principale enceinte des négociations. Créé en 2007 à la conférence de Bali, ce groupe a pour but de définir les actions à long terme visant à mettre en œuvre la Convention Cadre des Nations Unis sur le Changement Climatique à partir de 2012.
AWG-KP – Ad Hoc Working Group on Further Commitments for Annex I Parties under the Kyoto Protocol Ce groupe de travail discute de la suite du protocole de Kyoto ou, plus précisément, des nouveaux engagements que devront prendre les pays de l’Annexe I (pays développés devant réduire leurs emissions de gaz à effet de serre) pour la seconde période d’engagement qui commence en 2012.
SBI – Subsidary Body on Implementation Il s’agit d’un organe subsidiaire chargé de faire le suivi et l’évaluation de l’application de la Convention Cadre.
SBSTA – Subsidiary Body for Scientific and Technological Advice Cet organe a pour but de donner des renseignements et des avis scientifiques et technologiques sur la Convention.
En vue de cette session, la présidente du groupe LCA, Margareth Mukahanana-Sangarwe, a proposé un nouveau texte d’une quarantaine de pages qui sert de base à la reprise des négociations. Ce texte intègre les maigres avancées de l’Accord de Copenhague mais de nombreux points restent à éclaircir.
En premier lieu, les négociateurs devront concrétiser les promesses faites à Copenhague en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de financement des pays en développement. Il existe pour le moment un fossé immense entre l’objectif annoncé à Copenhague de limiter la hausse de la température mondiale à 2°C maximum et les engagements individuels des Etats signataires de l’accord. Cet écart est estimé entre 5 et 9 gigatonnes de carbone, d’où son surnom de « gigatonne gap ».
En matière de financement, l’accord de Copenhague prévoyait de mobiliser 30 milliards de dollars pour la période 2010-2012 et 100 milliards par an d’ici à 2020 pour aider les pays du Sud à lutter contre les changements climatiques. Pour restaurer la confiance entre pays industrialisés et pays en développement, il est essentiel que des solutions innovantes soient trouvées pour assurer que ces financements soient suffisants, prévisibles et additionnels à l’aide publique au développement.
Enfin, d’autres avancées sont également indispensables en vue d’assurer un accord sur le climat réellement efficace, en particulier pour la protection des forêts (la déforestation est responsable de 20% des émissions du globe), les transferts technologiques et la comptabilisation des émissions liées à l’utilisation des terres. Bref, les négociateurs ont du pain sur la planche !
La Belgique est présente en nombre avec une délégation d’une cinquantaine de personnes, membres des administrations fédérale et régionales, des représentants des syndicats, ONG Nord-Sud et associations environnementales ainsi que scientifiques. Étant donné le caractère technique de cette session, aucun ministre belge n’est pour le moment attendu à Bonn. Les négociations seront menées par Peter Wittoeck, chef de la section changement climatique au SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement.
La Fédération est présente à Bonn via sa chargée de mission Energie/Climat, Cécile de Schouteete, qui vous tiendra ponctuellement informés de l’évolution des négociations.