Pour améliorer la sécurité aérienne, vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage…
De temps à autre, le roi de Corinthe et Albert Camus s’invitent dans les débats consacrés à la sécurité aérienne. Cela tout simplement parce que le mythe de Sisyphe constitue la meilleure illustration du parcours difficile des experts en la matière. Sans cesse, après chaque accident, l’impression de revenir à la case départ se fait jour.
Cette allusion à un mythe –qui risquerait d’être décourageante- est venue tout naturellement à l’esprit de Michel Guérard, l’un des gourous d’Airbus en matière de sécurité. Cela dans le cadre d’une conférence prononcée au Palais de la Découverte, à Paris.
Le thème choisi par le conférencier : la prophétie dérangeante de l’un de ses collègues américains, formulée il y aura bientôt une quinzaine d’années, faisant craindre un accident majeur par semaine à l’horizon 2010. Le raisonnement du spécialiste de Boeing était simple et, en apparence, inattaquable : le niveau de sécurité, très élevé certes, ne progressant presque plus, le trafic aérien augmentant lui de 5% par an, un simple calcul arithmétique permettait d’entrevoir un nombre accru d’accidents. Et cela pour atteindre un niveau que l’opinion publique n’aurait pas toléré.
On sait qu’il est toujours dangereux de formuler des prévisions basées sur de simples extrapolations du passé. Dans le cas présent, en théorie, cette manière de faire ava it pourtant un sens. La réalité a heureusement voulu qu’il en aille autrement, les efforts déployés tous azimuts permettant de toujours faire mieux. Et cela malgré des contraintes difficilement évitables.
La première d’entre elles, incontournable, repose sur les enseignements les plus dérangeants des statistiques. A savoir que des facteurs humains d’un genre ou d’un autre expliquent grosso modo les trois quarts des accidents. Sachant que l’être humain n’est pas perfectible, seule demeurait la possibilité de mieux le former en tirant les leçons des incidents et accidents qui jalonnent la vie des transports aériens. Ce qui fut fait et continue de l’être, avec des résultats tout à fait tangibles.
Les accidents, rappelait Michel Guérard, surviennent pour 24% lors de l’atterrissage, 9% en approche finale, 10% lors de l’approche initiale. Autrement dit quand les pilotes, les contrôleurs, sont à l’œuvre, dans la phase la plus intense de leur travail. A l’opposé, 6% seulement des accidents surviennent pendant le vol à proprement parler, à côté de nombreux autres facteurs, à commencer par la perte de contrôle.
Lire gratuitement la suite