Mots-clés : Agriculture, CO² et gaz à effet de serre, Consommation, Organisme génétiquement modifié
[CORDIS - Date: 2007-10-30]
Malgré le scepticisme de plus en plus prononcé que suscitent  depuis longtemps les organismes génétiquement modifiés (OGM), les 12 derniers  mois ont vu une hausse massive (+ 77 %) des parcelles consacrées aux cultures  génétiquement modifiées en Europe. Plus de 1 000 km² de maïs GM ont ainsi été  récoltés. 
Présentant ces chiffres le 29 octobre à Bruxelles, EuropaBio,  l'association européenne des bio-industries, a réclamé une nouvelle hausse de la  culture du maïs GM, plus spécifiquement du maïs Bt, ainsi qu'une approbation  plus rapide des autres cultures au niveau européen. D'après EuropaBio, plus de  60 cultures sont actuellement retardées dans le système d'approbation  communautaire, ou «coincées parmi les autres dossiers en souffrance».  
«Si l'étude des risques indique clairement qu'un produit ne présente  aucun danger, ce produit devrait être approuvé quasi automatiquement», a déclaré  Johann Vanhemelrijck, secrétaire général d'EuropaBio, dans un entretien accordé  à CORDIS Nouvelles, au cours duquel il a demandé aux décideurs politiques  d'appuyer davantage leurs décisions sur la recherche scientifique. «Seule une  telle approche permettra aux entreprises de continuer d'investir dans la  recherche. Il est impossible de demander aux entreprises d'apporter une  contribution équivalant aux deux tiers des 3 % de l'objectif de Lisbonne en  matière de recherche si l'on n'autorise pas la commercialisation des produits  résultant de cette recherche», a-t-il ajouté. 
À l'heure actuelle, le  seul produit GM ayant le droit d'être planté dans l'UE est le maïs Bt, qui  résiste à la pyrale du maïs - un papillon dont les chenilles se nourrissent des  tiges et des épis de maïs, creusant pour ce faire des galeries qui permettent la  propagation de champignons potentiellement toxiques. Le génome du maïs Bt, une  variété de maïs transgénique, a été modifié pour inclure un gène de Bacillus  thuringiensis et produire une toxine qui affecte la pyrale du maïs. Les  détracteurs ont toutefois prévenu que la variété de maïs modifiée affecte  également les insectes utiles. 
Le maïs représente environ 14 % de  l'ensemble des cultures de l'Union européenne - «ce qui n'est pas rien», a  souligné Nathalie Moll, directrice générale de la section Green Biotechnology  Europe (GBE) d'EuropaBio. Les chiffres indiquent que 1 % du maïs d'Europe est  aujourd'hui génétiquement modifié. Selon des estimations, environ 25 % du maïs  de l'UE est affecté par la pyrale du maïs européenne. 
Huit pays  européens autorisent actuellement la culture du maïs Bt. En France, par exemple,  la culture du maïs Bt a connu une hausse de 323 %, passant de 5 000 hectares en  2006 à plus de 21 000 hectares en 2007. Le président français Nicolas Sarkozy  vient cependant de suspendre l'ensemble des cultures GM jusqu'à l'année  prochaine, et il n'est pas le seul chef d'État européen à se méfier des cultures  transgéniques. Ainsi, l'Autriche, qui ne compte pas de cultures GM, a interdit  toutes les importations de maïs GM. Les ministres européens de l'environnement  se prononceront le 30 octobre sur une proposition de la Commission visant à  contraindre l'Autriche à mettre un terme à son interdiction nationale ou clause  de sauvegarde. 
Néanmoins, «il semblerait que les agriculteurs européens  le veuillent», a conclu Mme Moll, puisqu'«une hausse de 77 % en un an indique un  certain intérêt», notamment si l'on tient compte que le maïs Bt n'est pas un  développement récent, ayant été approuvé dans l'UE en 1998. Selon Mme Moll,  l'utilisation de maïs Bt accroît la compétitivité, contribue à réduire les  émissions de CO2 et bénéficie aux consommateurs car elle réduit l'ingestion des  toxines fongiques produites dans le maïs endommagé par les insectes.  
Tandis que les détracteurs de la culture GM émettent depuis de  nombreuses années des doutes quant à ses apparents bénéfices, le Dr Marc van  Montague, l'un des pionniers du génie génétique des plantes, est persuadé que le  rendement plus élevé associé aux cultures GM sera bientôt nécessaire pour  pouvoir nourrir la population mondiale croissante et répondre à ses besoins  énergétiques. En outre, le Dr van Montague a déclaré à CORDIS Nouvelles que «les  scientifiques ont élaboré de très nombreux autres concepts intéressants qui  pourraient être importants pour l'environnement et les pays en développement»,  citant l'exemple des cultures résistantes à la sécheresse. «Mais en l'absence de  structure économique, nous ne pouvons pas les commercialiser. Malgré tout, ces  cultures seront utilisées dans certaines régions du monde et le reste suivra,  car si les agriculteurs et l'industrie constatent les effets, il sera impossible  de faire une croix sur cette science.»
Pour tout renseignement complémentaire, consulter: 
http://www.europabio.org/
 
 
 
 
 
      
