Source : La conférence de Bali.
Lundi 3 décembre
« L'action climatique n'est pas aussi forte et rapide que ne le requiert l'urgence à laquelle nous sommes confrontés ; les négociations doivent désormais passer à la vitesse supérieure ». C'est en ces termes clairs que le Ministre kenyan de l'environnement, qui a présidé les travaux durant les douze derniers mois depuis la Conférence de Nairobi, a transmis ce matin le relais au Ministre indonésien Rachmat Witoelar lors de l'ouverture de la conférence des Nations unies sur les changements climatiques.
La cérémonie d'ouverture s'apparentait à première vue à une séance de formalités : après une kyrielle de décisions officielles (élection du Président de la conférence, approbation de l'agenda, etc.), un « tour de table » permet aux Parties et observateurs de prendre une première fois la parole. Mais une écoute attentive permet de déceler le fait que, au-delà des politesses d'usage (il est visiblement de coutume de féliciter systématiquement le président de la Conférence pour sa récente nomination, encenser son pays et l'hospitalité de ses habitants, et de s'engager à contribuer sans relâche à faire de ce Sommet un véritable succès...), les Parties disposent stratégiquement leurs pions avant de débuter les négociations.
Un message principal ressortira des interventions ce matin : la toute grande majorité des délégués a lourdement insisté sur l'urgence de s'accorder sur une politique climatique mondiale commune. Invoquant tantôt le quatrième rapport d'évaluation du GIEC, qui a levé les derniers doutes quant à la réalité du réchauffement et le rôle joué par l'Homme dans ce phénomène, rappelant tantôt les catastrophes naturelles auxquelles leur pays a été récemment confronté (inondations, ouragans, sécheresses, etc.), la plupart des délégués ayant pris le micro ont appelé à action rapide des pays responsables, se tournant dès lors principalement vers les pays industrialisés. Certains tenteront bien – il ne s'agit plus d'une surprise - de se poser en victimes, l'Arabie Saoudite ayant par exemple à nouveau réclamé des compensations pour le manque à gagner qu'induira une réduction des consommations mondiales de combustibles fossiles. Une ènième requête qui lui aura valu de se voir remettre le premier « Fossile of the day », attribué quotidiennement par CAN au pays s'étant le plus distingué par ses déclarations conservatrices. Particulièrement performante à ce concours peu enviable, il y a de forte de chance qu'elle se dispute le palmarès de la quinzaine avec les Etats-Unis, dont le credo ne changera plus jusqu'aux prochaines élections en rejetant tout objectif contraignant et misant tout sur les efforts technologiques volontaires.
Des Etats-Unis qui se trouvent de plus en plus isolés sur la scène internationale après l'annonce ce matin par le premier Ministre Australien – il s'agit certainement du fait du jour – de la ratification du protocole de Kyoto par son pays. Georges Bush vient ainsi de perdre son dernier soutien puisque les USA sont désormais la dernière grande nation industrialisée à ne pas avoir avalisé le fameux texte au niveau national.
La prise de conscience de l'urgence climatique gagne incontestablement du terrain. Mais trop de temps a déjà été perdu et ne pouvons plus nous permettre la moindre tergiversation. Les négociateurs n'ont pas droit à l'échec : la Conférence de Bali devra déboucher sur un accord quant aux contenus et calendrier des pourparlers qui seront menés afin de donner une suite au Protocole de Kyoto, qui expire en 2012. La Communauté internationale a donc 12 jours pour rassurer la planète quant à sa capacité à agir lorsqu'elle est confrontée à un problème mondial. Le compte à rebours a commencé…
Si vous voulez suivre de près l'évolution des négociations :
- Le site officiel de la conférence de Bali
- Le bulletin de la Terre est publié tous les jours et fait le point de façon très factuelle sur l'évolution de négociations à Bali.
- Webcast : de nombreuses sessions, ainsi que des side-events (conférence organisées en marge des négociations), peuvent être consultées en direct ou « sur demande » sur le site officiel de la Convention
- Les enjeux de la Conférence et les attentes d'IEW, Greenpeace, Bond Beter Leefmilieu, Oxfam wereld winkels et VODO à l'entame du Sommet peuvent être consultés ci-contre.
- avis des associations