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Insolite: les compagnies aériennes fidélisent les croque-morts

Un nouveau marché pour les aéroports de fret.

Par Cherche l'info • Avions: actualité, bruit et pollution • Jeudi 29/09/2005 • 0 commentaires • Version imprimable

Aux Etats-Unis, les entrepreneurs de pompes funèbres jouissent d’un nouvel avantage : le “programme morts fréquents”. Désormais, les compagnies qui font régulièrement appel à la même compagnie aérienne pour transporter leurs cercueils peuvent bénéficier de “miles”, à l’instar des passagers en pleine santé. De plus en plus d’Américains partent passer leur retraite à des milliers de kilomètres de chez eux, la plupart du temps en Floride ou dans le Colorado. A leur décès, quand leurs proches font rapatrier leur corps pour les funérailles, les “points fidélité” qui devraient normalement échoir au passager sont attribués aux entrepreneurs de pompes funèbres qui organisent le transport de la dépouille. Si les compagnies aériennes se disputent ainsi ce marché, c’est qu’il est particulièrement rentable. Les dépouilles, qui voyagent dans des caisses métalliques scellées et réfrigérées, rapportent beaucoup plus qu’une cargaison de fleurs ou tout autre type de fret. Les prix varient en fonction de la saison et de la durée du voyage, mais les entrepreneurs de pompes funèbres paient généralement entre 250 et 600 dollars [entre 203 et 487 euros] pour un vol intérieur. Delta Airlines transporte quelque 50 000 cadavres par an. Chez JetBlue, une low-cost new-yorkaise, les morts représentent jusqu’à 18 % du fret. Cette compagnie, qui a lancé son programme de fidélisation en 2002, offre à ses clients une ligne téléphonique baptisée “téléphone de la mort”, entièrement consacrée au transport des défunts. Un commercial fait office d’“agent de voyage funéraire”. Les entreprises de pompes funèbres font supporter aux familles endeuillées le coût du transport, mais ce sont elles qui bénéficient du système de fidélisation mis en place par les compagnies aériennes. En général, l’expédition de 1 000 cercueils par an donne droit à deux billets pour Hawaii. La plupart des professionnels du secteur se montrent plutôt discrets sur cette formule, mais ils n’y voient rien de scandaleux. “C’est le même principe que les médecins qui partent en croisière en famille aux frais des laboratoires pharmaceutiques dont ils prescrivent les médicaments”, commente Jan Scheff, directeur exécutif de l’Association des entrepreneurs de pompes funèbres indépendants de Floride. “Les familles ont besoin de rapatrier leur défunt. Les compagnies aériennes répondent à ce besoin, c’est tout.” La Floride est la région qui fournit le plus de clients. D’après les chiffres, 23 000 des 170 000 résidents morts l’an dernier ont été réexpédiés dans un autre Etat pour y être enterrés. Mais on assiste également à une augmentation du trafic international, notamment vers le Mexique et les pays d’Amérique du Sud. “Je ne veux choquer personne, mais le transport des défunts est un marché particulièrement rentable. Un seul cercueil rapporte autant que près d’une demi-tonne de fret”, observe Dale Anderson, directeur du service courrier et fret de JetBlue. Toutefois, ce créneau risque bien de mourir de sa belle mort. De plus en plus de familles optent pour la crémation, qui permet de rapatrier le cher disparu dans une urne. “Plus besoin d’aller à l’aéroport pour ça”, note M. McQueen, un entrepreneur de pompes funèbres en Floride. “Il suffit de se rendre au bureau de poste du coin.” Charles Laurence The Sunday Telegraph, Londres Article original sur le Courrier International