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La taxe carbone empoisonne doublement l’atmosphère.

Par L'informateur • Avions: actualité, bruit et pollution • Mercredi 14/03/2012 • 0 commentaires • Version imprimable

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Le problème posé est double, triple, quadruple, infini. L’Union européenne refuse de comprendre que l’espace aérien n’est pas cloisonné en régions qui obéiraient chacune à ses propres règles. Contrairement au justement célèbre nuage radioactif de Tchernobyl de 1986, qui s’était arrêté net à hauteur des frontières françaises, stoppé par une invisible barrière Schengen née de l’imagination des politiques, les émissions de CO2 sont partout, vont partout. Et les avions n’émettent pas des quantités variables de carbone selon le pays qu’ils survolent ou leur Etat d’immatriculation. Dès lors, s’il devait apparaître justifié de taxer les émissions aériennes de CO2, il faudrait, à l’évidence, que tout le monde soit logé à la même enseigne, à l’oppo sé de toute action régionale, au sens géopolitique du terme. Tout ou rien.
On avait cru, avant que n’apparaisse une polémique pernicieuse, que tout élu normalement constitué pouvait comprendre et admettre une telle analyse. Grave erreur ! La Commission européenne a décidé d’aller de l’avant, le plus unilatéralement du monde, et cela avec l’activisme de Connie Hedegaard, commissaire chargée du Climat. Mieux, elle a l’air d’y croire vraiment, bien droite dans ses bottes, et pas vraiment émue de constater que les idées bruxelloises suscitent un beau tollé dans le monde du transport aérien. Et, au-delà, au niveau politique le plus élevé, dans les capitales les plus influentes, à commencer par Pékin, Moscou et Washington.
Ce rejet repose pourtant sur des bases simples : si des mesures de taxation doivent être appliquées (rappelant une fois de plus que l’aviation commerciale est une inépuisable vache à lait), seule une règle unique et indivisible, universelle, devrait être envisagée. Et seule pourrait l’édicter l’Organisation de l’aviation civile internationale, agence spécialisée des Nations unies. Or, pour l’instant, on est loin de compte.
Personnage central de la polémique qui prend corps ces jours-ci, Connie Hedegaard demeure inflexible. D’où les interrogations qu’elle suscite, sachant que cette Danoise, élue du parti populaire conservateur, a précédemment fait preuve de beaucoup de bon sens. Et, ce qui ne gâche rien, a été journaliste pendant 14 ans, ce qui lui vaut tout naturellement un solide capital de sympathie dans les médias.
La polémique connaît une sérieuse escalade depuis que la Chine, très remontée contre l’initiative de la Commission, a décidé de frapper là où cela fait le plus mal : par mesure de rétorsion, elle a gelé une commande de trente-cinq A330 et de dix A380. De quoi inquiéter Airbus et EADS, encore que les industriels aient accusé le coup un peu trop visiblement. Ils devraient, en effet, se méfier des simplifications caricaturales qui finissent toujours par apparaître : on pourrait croire que les compagnies aériennes sont autorisées à polluer pour autant que les ventes d’avions continuent de bien se porter. Ce n’est heureusement pas ainsi que cela se passe.
Reste le fait qu’on ne touche pas impunément à l’industrie aéronautique, l’un des rares pôles d’excellence du Vieux Continent. Sans doute le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a-t-il été surpris, de recevoir un tir serré de missives l’enjoignant à s’agiter sans plus tarder pour tuer dans l’œuf un dangereux conflit commercial naissant. Une intervention concrète lui est demandée par les patrons d’Airbus, Air Berlin, Air France, British Airways, Iberia, Lufthansa, MTU Aero Engines, Safran et Virgin Atlantic, la requête faisant appel aux bons offices de David Cameron, François Fillon, Angela Merkel et Mariano Rajoy. Ce sont, on l’aura compris, les chefs des gouvernements des quatre pays Airbus. C’est de bonne guerre mais, il faut bien le dire, très terre à terre, sachant qu’une formulation de meilleur niveau aurait été plu s en rapport avec l’enjeu.

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