Mots-clés : Région wallonne
Namur, le 14 février 2010
Le refus de Philippe Henry, Ministre wallon en charge de l’Environnement, de l’Aménagement du territoire et de
Embrayant sur les propos du promoteur du projet qui avait évoqué une collusion entre le cabinet Henry et notre Fédération - « Le seul recours qui tenait encore envers Città Verde était celui de l’ASBL Inter-Environnement. Et quand on sait que beaucoup de membres du cabinet de Philippe Henry en sont issus, il faut se poser la question du conflit d’intérêts ! »(1) -, le Ministre fédéral Paul Magnette déclare dans une interview donnée à «
Inter-Environnement Wallonie confirme que des membres du cabinet Henry ont travaillé pour elle dans le passé avant de poursuivre leur carrière dans d’autres structures, transitant par syndicat, centre d’étude politique ou administration avant d’intégrer l’équipe ministérielle.
La pratique apparaît d’autant moins condamnable qu’en matière environnementale, le lobbying n’a d’autre objectif que la défense de l’intérêt collectif, ce qui est aussi – ou devrait en tout cas être – le moteur de l’action politique.
Par ailleurs, qui peut croire qu’une décision de l’importance de celle déchaînant aujourd’hui les passions carolorégiennes se prend par une seule personne ou un groupe d’apparatchicks motivé(s) par une vision idéologique et doctrinaire ? Elle se fonde au contraire sur des analyses et avis indépendants (sauf à considérer que l’ensemble de l’administration wallonne est noyautée par des « Khmers verts » formés par Inter-Environnement…) qui prennent en compte l’ensemble des enjeux du projet… et que
Pour Inter-Environnement Wallonie, si Città Verde marque de réelles avancées par rapport à la première mouture du projet présenté sous le nom de Citadella et refusé par André Antoine, prédécesseur de Philippe Henry, en février 2008, il n’en reste pas moins que ce projet ne répond pas aux conditions édictées par le CWATUP. Un des éléments majeurs motivant le refus de 2008, à savoir « l’impact important de l’augmentation de trafic générée par le projet », garde ainsi toute sa pertinence. Et c’est loin d’être un enjeu mineur alors que la lutte contre les gaz à effet de serre s’imposera de plus en plus comme un objectif politique prioritaire.
Sur les plans économique et social, on peut légitimement s’interroger quant à l’impact positif qu’un complexe de 66 enseignes commerciales dédiée à 60% au confort de la maison est censé avoir sur la commune la plus pauvre de Wallonie… On doute que la population précarisée de la région trouve un surcroît de qualité de vie dans cette caverne d’Ali Baba dont l’accès lui restera interdit faute de sésame financier.
En matière d’emploi, les études menées démontrent que la création de postes générée par Città Verde se fera plus ou moins partiellement au détriment de la destruction de postes existants aujourd’hui. Les estimations quant au solde net divergent mais se situent bien en deçà des 750 à 1.500 emplois nouveaux annoncés par les défenseurs du projet, les projections les plus pessimistes tablant même sur un résultat nul. Et cela ne nous dit encore rien de l’adéquation des demandeurs d’emplois de Farciennes et environs avec le(s) profil(s) qui seront recherchés.
Rien ne garantit par ailleurs que les espaces proposés trouveront preneurs… La clientèle et le pouvoir d’achat n’étant pas extensible, le centre commercial pourrait se muer à terme en un espace déserté, un chancre laissé en semi abandon où la désintégration sociale et l’insécurité trouveront un terrain fertile à leur épanouissement. Et si ce pire est évité, c’est dans un centre-ville vidé de ses commerces que ces chancres et leurs nuisances risquent de proliférer.
Pour
(1) Réaction de Robert Marlier dans «