Mots-clés : Aviation, Aéroport, Développement Durable, UE, Réchauffement climatique

 Une initiative de Bruxelles Air Libre,

A M. Philippe Maystadt, Président de la Banque européenne d’investissement

(Copie à Didier Reynders, Ministre des Finances)

Bruxelles, le 1^er mai 2007

Monsieur le Président,

Notre association est interpellée par les investissements consentis au cours des 10 dernières années (1996 – 2006) par la Banque européenne d'investissement dans les infrastructures aéroportuaires.

Selon les données en notre possession, ces interventions atteindraient un montant total de pas moins de 16 milliards d'euros et se poursuivent encore, notamment dans les nouveaux Etats membres d’Europe centrale et orientale.

Le secteur aéronautique est pourtant déjà généreusement subventionné de facto du fait de l’absence de taxation du kérosène et de l’exemption de la TVA sur les billets d’avion, sans parler des aides et subventions locales destinées à attirer l’une ou l’autre compagnie.

Ce même secteur contribue massivement à toutes sortes de pollutions (chimique, sonore, effet de serre), à tel point que la Commission européenne commence à s’en préoccuper très sérieusement.

L’ampleur des investissements consentis dans le secteur aéronautique nous paraît être en parfaite contradiction avec les objectifs du Livre blanc sur les transports de la Commission européenne qui vise prioritairement à réorienter le trafic routier et aérien vers d’autres modes de transport moins polluants, tels que le rail et la navigation fluviale et maritime, d’une part, et à internaliser les coûts environnementaux du secteur des transports.  On n’a pas beaucoup progressé vers ces objectifs, et investir massivement dans le secteur aéronautique ne fait certainement pas avancer les choses dans la bonne direction. Par ailleurs, les Etats membres de l’Union européenne se sont engagés récemment à réduire drastiquement leurs émissions de CO2 d’ici à 2020.

Développer les aéroports régionaux, où sont basées notamment les compagnies aériennes « low-cost », un peu partout dans l’Union européenne a également pour effet d’encourager des habitudes (telles que l’acquisition de résidences secondaires lointaines, les séjours de vacances par avion fréquents et de courte durée, les city-trips par avion de quelques jours, etc.) qui sont totalement incompatibles avec la lutte contre la pollution atmosphérique et le changement climatique.

Importer par avion quantités de denrées alimentaires de pays lointains est non seulement néfaste pour l’environnement mais porte aussi préjudice au secteur agricole européen.

Pour ce qui est de l’emploi, des études indépendantes réalisées récemment tendent à démontrer que le secteur aérien n’est pas un secteur à forte intensité de main-d’œuvre et que le nombre d’emplois n’augmente pas parallèlement au nombre de mouvements d’aéronefs, que les activités de logistique (aérienne et autre) n’apportent qu’une faible valeur ajoutée mais engendrent en revanche d’énormes nuisances et pollutions en tous genres, et, enfin, qu’il n’y a dans ce secteur que très peu de créations nettes d’emplois mais plutôt des transferts au sein de l’économie générale.

Nous aimerions donc recevoir votre réponse aux questions suivantes : la BEI compte-t-elle mettre fin à ces investissements, et quand ?

Vos réponses à ces questions sont cruciales au moment où les citoyens prennent  conscience des graves problèmes que posent des pratiques économiques irresponsables et commencent à remettre en question les modes de vie et de consommation qui sont actuellement les nôtres.

Dans l’attente de vos réponses, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, à notre entière considération,

Bruxelles Air Libre Brussel asbl