Source : Eléments de la ville fluctuante

Votre article, par ses souhaits de projets urbains vertueux, souligne bien l'inadaptation de notre système de règlement au contexte et au désir de ceux qui habitent et qui, de fait, construisent lentement mais surement l'urbain. Les pavillonnaires ont envahi le paysage rural le plus profond sans qu'aucun règlement d'urbanisme, ni aucune loi, ne réussisse jamais à enrayer ce qui a été considéré comme un débordement. Depuis une quarantaine d'années, on se réfugie derrière des contraintes de surface constructible et de terrain au lieu d'accompagner un mouvement qui a fait du périurbain un mode d'appropriation dominant du territoire. En bloquant la constructivité des parcelles déjà construite, on s'est terriblement contredit en interdisant toute densification. Cette affaire des 30% sera la première initiative qui ira dans le sens du besoin de nombreux ménages d'agrandir pour continuer à accueillir plusieurs générations dans une même maison. Cela provoquera peut-être également un ralentissement de la construction de nouvelles unités au profit de l'agrandissement de celle existante. Il sera intéressant d'observer comment les autres règlements (de lotissement, de copropriété) vont autoriser ou pas cette ouverture. Pour que ces 30% favorisent les constructions sur les bâtiments, il faudra également que les Bureaux de Contrôle l'autorisent, et ce n'est pas gagné ! Il existe tant de normes auto-déclarées et d'attitudes négatives en France, que toute tentative de libérer un peu l'action risque d'être neutralisée rapidement. Vous parlez d'un "velum naturel" que ces 30% vont crever... mais en quoi un hauteur généralisée des constructions constituent une caractéristique "naturelle" ? C'est par l'érection d'un premier bâtiment un peu plus haut que tous les faubourgs des villes se sont progressivement construits d'abord sur des parcelles maraichères puis sur des cabanes puis sur des maisonnettes. Cette ouverture à la densification devrait s'accompagner d'une facilitation à ouvrir tout commerce de taille réduite de manière à ce que fleurissent les petites initiatives commerciales dans les lotissements et dans les étages des barres et des tours, initiatives qui existent déjà mais de manière illégale. Quant à l'architecture, il faut rendre l'obligation d'un recourt obligatoire à un architecte dès le premier m2 en confortant les CAUE pour qu'ils assurent cette mission gratuitement auprès des demandeurs. Bref, cette initiative des 30% est bien trop légère pour que cela fasse vraiment bouger les choses....